Alors que la police fédérale arrêtait 10 des criminels les plus recherchés par le FBI à Guadalajara au Mexique, au même moment se déroulait la Foire Internationale du livre (FIL). Pour sa 26ème édition, elle a affirmé sa position de leader des salons professionnels du livre en Amérique Latine avec 2000 maisons d'édition venues de 42 pays et 18 000 éditeurs, libraires, bibliothécaires et responsables de droits.
Inaugurée par l'américain Jonathan Franzen, la FIL 2012 a été marquée par un hommage émouvant à Carlos Fuentes, disparu en début d'année, orchestré par les pointures littéraires Fernando del Paso, Elena Poniatowska, Sergio Ramírez et Luisa Valenzuela.
Ouverte au public, la manifestation a accueilli 500 auteurs de 28 pays dont l'Allemagne, la Finlande, la Serbie, les Etats-Unis, le Canada, Cuba, l'Espagne, le Vénézuela, la Colombie ou encore le Chili, invité d'honneur cette année. Plus de 60 000 visiteurs seront passés dans les stands. Pour la première fois la Chine, l'Inde, la Corée du sud et Israel étaient présents. Avec l'objectif de "vendre et acheter", comme l'explique Shim Kyeiin de la Korea Creative Content Agency, les nouveaux venus considèrent "cette foire très importante car elle est la porte d'entrée sur le marché de langue espagnole et a permis à nombre d'entre nous de tisser des liens avec de nouveaux partenaires".
Guadalajara a également renforcé cette année son rôle d'observatoire de tendances
Nouvel horizon pour les uns, marché pansement pour les autres. Pour les éditeurs espagnols notamment, le marché latino-américain se présente comme une solution à la crise. Pour Juan Casamayor, de la maison Paginas de espuma, spécialisée dans les contes, l'avenir économique se trouve de l'autre côté de l'Atlantique. Depuis l'an dernier, l'éditeur a décidé de centrer ses efforts sur la distribution au Mexique et le travail avec les librairies en Amérique Latine. La raison : alors que ses ventes en Espagne ont accusé une baisse de 15% en 2011, les exportations ont augmenté de 30%. Même constat chez Tusquets, où Beatriz de Moura constate que la crise n'a pas touché ses filiales basées au Mexique et en Argentine. Présente via le stand du Bief tenu par Julieta Salgado de la Libreria Francesa de Mexico, la France a également profité de la foire pour renforcer ses partenariats avec les éditeurs et libraires latino-américains.
Affirmant son rôle de porte d'entrée sur le marché latino-américain, la foire de Guadalajara a également renforcé cette année son rôle d'observatoire de tendances. Elle a notamment hébergé le Forum international des éditeurs, et la Rencontre des librairies et maisons d'édition indépendantes "Un autre regard". Là, le directeur éditorial des éditions Era, Marcelo Uribe a rappelé que le défi des éditeurs indépendants est "de ne pas se comporter comme les grandes maisons d'édition corporatives. C'est à dire publier des long-sellers, et non des livres fugaces, avec une date de péremption, comme les produits laitiers".
Autre préoccupation majeure des professionnels, le livre numérique a fait l'objet de plusieurs journées d'études qui ont réuni des éditeurs en quête de dématérialisation et des spécialistes du marketing on-line. Parmi eux, Bill McCoy, directeur exécutif de International Digital Publishing Forum (IDPF) a expliqué que le livre numérique est l' opportunité pour les éditeurs de capter de nouveaux publics : "les gens qui n'achetaient pas de livres papier, achètent aujourd'hui des livres numériques avec une préférence pour les formats courts". Pour McCoy si l'ère du Kindle est derrière nous, les tablettes tactiles sont l'avenir de la lecture en Amérique Latine car leur prix est en baisse sur le continent.