25 février > Roman illustré Italie

Carolina n’est pas particulièrement belle, mais a des yeux d’Egyptienne et ne quitte jamais le petit garçon. Carolina est un animal de compagnie, un serpent, une coronelle précisément, que l’enfant ramène même à l’école. Lors d’un devoir sur table, il provoque une syncope à sa prof lorsqu’elle lui demande de montrer ce qu’il cache dans sa poche. Ainsi commence Le bonheur du crapaud d’Umberto Pasti, délicieux roman illustré par Pierre Le-Tan. L’ouvrage exhale un parfum de poésie surréaliste. Un ton inclassable. L’écrivain d’origine milanaise, vivant entre Milan, Tanger et un petit village au sud d’Asilah où il a créé un sublime jardin, se raconte tout en mettant en scène des bêtes ou des fleurs : faucon à la patte cassée, mante religieuse amatrice de limoncello, grenouilles rescapées de l’expansion foncière d’un riche Français voisin de l’auteur au Maroc…

Depuis l’incident du colubridé en classe, le narrateur a grandi, lu Proust et voyagé. Il a aussi entrepris de cultiver son jardin à Tanger et pour ce faire d’y planter des variétés précieuses. On l’appelle El nazrani el nouar, "le chrétien des fleurs", pour la seule raison qu’il est à la recherche du narcissus viridiflorus, ce "rayon vert du règne végétal". Quand il en trouve poussant entre les tombes, les narcisses verts qui ne sont pas prêts à se faire arracher le bulbe chantent leur désaccord. Fables sans morale, si ce n’est qu’il faut laisser la nature tranquille. Sean J. Rose

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