Hors-Limites, "une alchimie dans tout le réseau des bibliothèques"

Hors-Limites, "une alchimie dans tout le réseau des bibliothèques"

Marion Serre, présidente de l'association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis, explique le succès croissant du festival Hors-Limites, dont la 5e édition se déroule du 5 au 20 avril 2013.

Par Fanny Taillandier
avec ft Créé le 15.04.2015 à 21h00

Livres Hebdo. L'an dernier, la fréquentation a augmenté de près d'un tiers. Comment expliquez-vous ce succès ?

Marion Serre.
Grâce aux comités de pilotage et de lecture, nous sommes parvenus à une alchimie dans tout le réseau. Il y a une vraie rencontre avec les bibliothécaires, qui sont souverains dans la programmation du festival et qui ont investi l'espace d'Hors Limites. La communication a gagné en clarté : les enjeux du festival sont mis en valeur, le lecteur est remis au centre.

LH.
Vous affirmez que le festival irrigue la programmation des bibliothèques toute l'année. Comment l'expliquez-vous ?

M. S. Il nous permet d'avoir des idées neuves. Il faut tenir compte de la densité du festival, avec des manifestations sur tout le territoire. Les lecteurs ont potentiellement une vie de famille ! Donc je reprogramme des auteurs le reste de l'année. J'ai tendance à oser davantage pendant le festival. Les lecteurs ont identifié ce moment et savent qu'il est l'occasion de découvrir une certaine littérature contemporaine, qui est moins diffusée mais pas si inaccessible qu'on le croit.

LH. Justement : la programmation du festival est délibérément ambitieuse. Comment la conciliez-vous avec l'enjeu d'accueillir tous les publics, et notamment les jeunes, dans un département traditionnellement populaire ?

M. S.
Ce n'est pas parce qu'on ne connaît pas le nom que c'est inaccessible. Je trouve géniale cette impression de découvrir un auteur. Du coup, il n'est plus question de la difficulté de faire passer quelque chose de lointain, mais du plaisir de transmettre une découverte. Les bibliothèques participantes associent toutes des événements du festival à leur programmation de l'année. Les lecteurs viennent confiants. Le but est qu'ils repartent en ayant emprunté un livre.

Historiquement, la Seine-Saint-Denis a une offre en jeunesse, l'événement phare étant le Salon de Montreuil. Dès la création de l'association, le but du jeu était d'aller vers un autre public, moins choyé. Mais l'idée de croiser les générations nous occupe. A Saint-Ouen, la médiathèque a fait le choix d'organiser des lectures pour les enfants pendant que les parents assistent aux événements d'Hors Limites.

LH. Au fil des éditions, les partenariats avec d'autres structures se sont développés, d'abord avec les librairies, les cinémas, et cette année avec les deux universités du département. Qu'apportent-ils ?

M. S. Ces partenariats sont essentiels en termes d'identité: Hors Limites, comme son nom l'indique, affirme que la littérature n'est pas enfermée dans les livres : cela explique le travail avec les cinémas, mais aussi avec le festival Concordan(s)e.

Le lien avec les librairies relève de l'idée que la création littéraire est toujours appuyée sur la chaîne du livre, qui la permet. 12 % de la population de Seine-Saint-Denis vit sous le seuil de pauvreté : l'engagement des libraires qui s'installent sur ce terroire est très fort. Le partenariat entretenu depuis plusieurs années avec l'INFL va dans le même sens : accompagner la réflexion sur la chaîne du livre, qui est essentielle pour les bibliothèques. Des rencontres interprofessionnelles sont d'ailleurs organisées cette année dans le cadre du festival.

Quant au partenariat expérimenté cette année avec les universités, il nous ouvre à un public qui ne fréquente pas forcément les bibliothèques municipales. C'est l'objectif : on avait même réfléchi, à une époque, à travailler avec des bibliothèques d'entreprise !

Le festival est subventionné par le CNL, la Sofia, ainsi que la Drac Ile-de-France et le département de Seine-Saint-Denis.

www.hors-limites-2013.fr
15.04 2015

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