Impressions, soleil couchant. Le haïku est un poème bref, composé de trois vers et comptant dix-sept syllabes, qui a émergé dans le Japon du XVIIe siècle et dont le grand maître fut Bashō. Avant les poètes de l'ère Meiji (1868-1912), outre sa composition, cette forme fixe répond à des règles esthétiques propres, comme un « mot de coupe » pour le rythme ou l'obligation d'un vocable relatif au rythme des saisons. Issu d'une famille de samouraïs, Hōsai, qui signifie « celui qui a lâché prise », est le nom de plume d'Hideo Ozaki (1885-1926). Il est l'un des précurseurs du haïku moderne - vers libres au thème variant au gré de l'humeur ou à l'aune des observations, plutôt que bridés par une métrique stricte et des thèmes imposés par la tradition : « Mon ombre si seule / j'ai bougé pour la regarder. »
La poésie d'Hōsai reflète les vicissitudes d'une existence qu'il noie dans le saké - un chagrin d'amour fondateur (des fiançailles rompues avec une cousine dont il était épris), une ennuyeuse vie de bureau et son errance de « moine laïc à la recherche d'un endroit où vivre et mourir en paix ». C'est dans le dénuement que sa vie s'achève. Ce recueil bilingue, Pèlerin des nuages et des eaux, traduit et adapté par Rikako Fujii et Dominique Chipot, complète la démarche entreprise par Synchronique éditions avec Haïkus du bout de monde (2019). C'est une merveilleuse introduction à un poète encore méconnu du public francophone et dont l'art touche par sa simplicité fulgurante : « Gentiment, / une libellule vient se poser / sur mon bureau triste. »
Pèlerin des nuages et des eaux
La Table Ronde
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 23 € ; 288 p
ISBN: 9791037114143