12 février > Essai France

Le titre est malin, c’est sûr. Mais le livre tient la promesse, en dépit de quelques passages trapus sur l’étymologie et l’analyse du fantomal dans l’anthropologie. Pour le reste, Sébastien Rongier nous propose "une tentative de définition du fantôme à partir de l’articulation entre image et mort". Rien de fantastique là-dedans. Il s’agit pour le romancier (78, Fayard, 2015) et essayiste (Cinématière, Klincksieck, 2015) de poser les bases d’une "archéologie des images", ainsi que l’indique le sous-titre.

Depuis le célèbre passage sur la maison hantée chez Pline le Jeune jusqu’à La chambre claire de Roland Barthes, le fantôme agit comme un "opérateur de deuil" qui marque notre rapport à la mort en fonction des époques et des sensibilités. A l’aide de nombreux exemples tirés de l’art, de la photographie et surtout du cinéma qui nous valent de belles pages sur le cinéaste devenu "filmeur" Alain Cavalier, Sébastien Rongier circonscrit son sujet avec une passion communicative dès qu’il aborde les arts visuels. C’est le cas avec la photographie spirite en vogue au XIXe siècle ou avec les films de Kubrick, de Shyamalan et de bien d’autres.

Spectres, ectoplasmes ou esprits sont présents dans toutes les images quand on y regarde de plus près. Après tout, le principe du revenant est de revenir sans cesse, donc d’être partout et de solliciter notre mémoire. Ce que cette étude astucieuse révèle des fantômes, c’est surtout notre rapport à la mort. Ils sont des traces, des symptômes de notre inquiétude par rapport à l’au-delà. Derrida avait donné un nom à cette science de l’ombre : l’hantologie. L. L.

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