Après avoir été privée de sa ministre, écartée des dossiers qui la concernent, la chaîne du livre va-t-elle perdre, avec le Centre national du livre, son principal soutien ? Si l'on en croit la direction générale des médias et des industries culturelles, la disparition de l'institution constituée en établissement public autonome en 1946, dans l'immédiat après-guerre, sous le nom de Caisse nationale des lettres, n'est pas du tout à l'ordre du jour. Mais le bouleversement de son financement, dès le 1
er janvier 2019, interroge sur la pérennité de ses ressources, et donc de ses moyens d'intervention.
Certes, le mode de financement actuel du CNL, fondé sur une taxe sur les appareils de reproduction ou d'impression, au rendement décroissant, et une autre sur les revenus des éditeurs est aussi aléatoire que discutable. Mais, décidé à la suite du choix louable du gouvernement de supprimer une vingtaine de taxes « à faible rendement », souvent aberrantes, le remplacement de ce dispositif pérenne par une subvention prélevée directement sur le budget du ministère de la Culture crée, pour l'avenir, une incertitude plus grande encore.
Certes, en 2019, d'après les informations qui filtrent du processus d'élaboration du prochain budget de l'Etat, les ressources allouées au CNL devraient rester au niveau où elles se situaient en 2018. Mais qu'en sera-t-il après ? Des auteurs aux manifestations littéraires en passant par traducteurs, éditeurs et libraires, sans oublier les bibliothèques publiques comme universitaires, le Centre national du livre joue un rôle clé dans le soutien à une industrie qui demeure à la fois la plus importante et la moins aidée des industries culturelles en France. Il y a injecté l'an dernier quelque 27 M€. Il est regrettable que ses ressources soient sans cesse, à nouveau, à la merci des arbitrages budgétaires et des alternances électorales.