Une étude* commandée par La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse au cabinet Axiales met en lumière plusieurs aspects critiques des inégalités persistantes dans le secteur de l'édition jeunesse.
L’organisation professionnelle souhaite proposer des outils pour répondre aux problématiques de l’enquête, avec « des actions qui seront communiquées ultérieurement », fait savoir La Charte à Livres Hebdo.
25% de rémunérations en moins
Les données de cette étude, menée dans la continuité des États généraux de l’égalité Femme-Homme de 2020, révèlent que, bien que les femmes représentent 70 % des auteurs dans le secteur de l’édition Jeunesse, elles gagnent en moyenne 25 % de moins que leurs homologues masculins. De plus, les œuvres féminines restent moins visibles et moins primées, ce qui affecte leur reconnaissance et leur valorisation.
Trois types d'écarts salariaux sont identifiés
Ces inégalités sont exacerbées par une répartition genrée des professions et un accès limité des femmes aux postes les mieux rémunérés. Le secteur de l'édition jeunesse, où les droits d'auteur sont en moyenne de 3 %, est particulièrement touché par ces disparités.
« Un problème structurel profond »
La persistance de ces inégalités malgré les mesures législatives souligne « un problème structurel profond », selon l’étude. Les stéréotypes de genre, l'intériorisation de normes sociales défavorables et la sous-évaluation des compétences des femmes sont des freins majeurs à l'égalité. Les femmes, souvent vues comme des pourvoyeuses de sécurité familiale plutôt que comme des acteurs économiques majeurs, hésitent à négocier leur rémunération ou à revendiquer leurs droits.
La jeunesse, souvent attirée par la passion de créer, se retrouve confrontée à des rémunérations faibles dans l'édition. La faiblesse des droits d’auteur, justifiée par les coûts de production élevés et les tirages importants, est acceptée par beaucoup, malgré une inflation galopante. Ce secteur, perçu comme un « vase clos » avec ses propres systèmes de reconnaissance, peine à valoriser économiquement ses créateurs. Les artistes-autrices, en particulier, subissent cette dynamique, oscillant entre passion et précarité, et se voient souvent contraintes d'accepter des conditions économiques défavorables.
L’influence du genre dans les négociations
L’intériorisation des stéréotypes joue un rôle crucial dans la perpétuation des inégalités de genre, poursuivent les conclusions de l’étude. Les femmes, souvent confrontées à des attitudes dépréciatives, intériorisent ces stéréotypes, ce qui affecte leur estime de soi et leur perception de leurs compétences. Le sentiment d’illégitimité est récurrent, les poussant à se sous-évaluer et à douter de leurs capacités. Cette intériorisation crée une dynamique où la peur de déplaire, de mal faire, de ne pas être à la hauteur ou d'échouer devient centrale, limitant leur capacité à s’affirmer et à revendiquer leur juste place dans le milieu professionnel.
Solutions proposées
L’étude conclut que si des progrès ont été réalisés, il est impératif de continuer à œuvrer pour une égalité réelle et durable dans l'édition jeunesse. Les solutions proposées par cette dernière offrent une feuille de route précieuse pour atteindre cet objectif et garantir une reconnaissance équitable du talent et du travail des femmes dans ce secteur.
*Retrouvez l’étude complète de la Charte en document lié, à gauche de l’article