15 mai > Roman France

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Le thanatopracteur embaume les cadavres et rend un corps correct aux familles. Après une fin des plus naturelles, les archives laissées par le défunt se révèlent parfois un drôle de legs - une boîte de Pandore contenant les secrètes turpitudes du disparu et risquant de souiller sa mémoire. Pour remédier à ces possibles embarras, le narrateur du deuxième roman de François Garde a trouvé la solution. « Je décidai d’exercer ce métier que je venais d’inventer. Plusieurs appellations étaient possibles : archiviste ultime, documentaliste funéraire, classificateur post mortem. » Philippe Zafar opte pour le nom de cette nouvelle profession : « curateur aux documents privés ».

Dans les papiers du magnat du commerce maritime qui vient de mourir, Philippe Zafar découvre un étrange texte écrit à la première personne et mettant scène un jeune matelot qui contre rémunération couche avec une inconnue masquée. S’agit-il de la confession d’un vilain secret ? « Tu as tiré ton coup, tu as été bien payé, tu repars demain sur ton bateau les couilles vides, tu as déjà tout oublié de ce que tu as vu ou de ce que tu as fait. Pigé ? » Le style n’est pourtant pas celui de feu Thomas Colbert qui, selon ses proches et ses employés, n’avait guère le verbe trivial. Et la présence de ces deux hommes, un supposé médecin et son assistant, n’indique-t-elle pas un cas de voyeurisme patent ? Peu probable, car la scène s’est déroulée sous un drap. Est-ce enfin un cas de PMA avant la lettre - une insémination par procuration pour une couple dont le mari était stérile ? Et pourquoi fut-il rémunéré trois couronnes ? Tant d’interrogations que le curateur aux documents privés livre, non sans appréhension (vexer ses clients n’était jamais bon pour les honoraires), à la veuve de Colbert. Mais la richissime dame ordonne une enquête pour percer à jour ce mystère. L’investigation nous entraîne sur les trois continents et fait se déployer l’énigme en luxuriant roman d’aventures. Comme dans son premier roman, Ce qu’il advint du sauvage blanc, où le naufrage d’un jeune marin breton sur les côtes australiennes avait été l’excuse pour une réflexion sur l’idée de civilisation, ici l’enquête n’est autre que le prétexte pour méditer sur la question d’identité. Peut-être sommes-nous, au final, en présence du début d’une fiction inachevée ? Ce qui est clair, c’est que celle de François Garde est aboutie. Sean J. Rose

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