C’est un projet de longue haleine, le travail d’une vie. S’il a fallu un an à Isild Le Besco pour coucher son histoire sur le papier, sa réflexion sur l’impact insidieux de la violence, elle, a mûri pendant plusieurs années. Le résultat, Dire vrai, est une autobiographie parue le 1ᵉʳ mai aux éditions Denoël. L’autrice, qui est également passée par le grand écran en tant que comédienne et scénariste, y revient sur son parcours : les premières années douloureuses au sein d’une famille dysfonctionnelle, mais aussi les nombreux déboires rencontrés dans le monde du cinéma.
Une famille, Triste Tigre... Le privé est politique
C’est d’ailleurs l’éclosion du #MeTooCinema en France qui lui a fait prendre le stylo et une prise de parole en particulier : celle de l’actrice Judith Godrèche, qui s’est livrée sur sa relation d’emprise avec Benoît Jacquot, contre qui elle finit par porter plainte pour viol sur mineur ainsi que contre Jacques Doillon. Le récit n’est pas étranger à Isild Le Besco : elle aussi a partagé la vie du réalisateur, de ses 16 à 24 ans, alors qu’il en avait 52. Une relation « destructrice » qu’elle qualifie de « perte de soi » dans Le Parisien le 21 février 2024.
Isild Le Besco : "C'est difficile de dire qu'on est victime" #le710inter pic.twitter.com/Gi3FVgjslC
— France Inter (@franceinter) May 2, 2024
Sur le plateau de Quotidien et dans Le Monde, Isild Le Besco souligne qu’elle était, adolescente, « un terrain de maltraitances » et combien ses traumatismes d’enfance l’ont prédisposée à subir le joug d’adultes mal intentionnés. Un discours qui rappelle celui de Vanessa Springora, qui consacre les premiers chapitres du Consentement (Grasset, 2020) à la description de ses plaies infantiles, un terreau fertile à sa rencontre avec Gabriel Matzneff. Vanessa Springora, qu’Isild Le Besco cite avec déférence au micro de Léa Salamé pendant la matinale de France inter, mentionnant également Christine Angot et Neige Sinno.
Avec Dire vrai, l’actrice « marche sur un boulevard qui vient d’être ouvert » estime son éditrice Dorothée Cunéo. « C’est une autobiographie, mais elle utilise cette opportunité pour parler au nom de toutes les femmes, la situation est tristement universelle. » Étonnées par la « tempête médiatique » qui a suivi la parution récente du livre, les éditions Denoël annoncent un tirage à 18 000 exemplaires.