Livres Hebdo - Pourquoi, dans le contexte actuel, un hebdomadaire tel que Le Point lance en 2013 une nouvelle maison d’édition ?
Jean-François Hattier - C’est une idée autour de laquelle Franz-Olivier Giesbert tournait depuis longtemps. Nous croyons à l’écrit, parce que nous avons un vrai savoir-faire et parfois des frustrations sur des choses qu’on ne peut matérialiser. Nous tournons dans l’univers de l’écrit et de l’essai, et nous avions envie de passer à l’acte.
Pourquoi ne pas jouer franc-jeu en appelant cette maison éditions du Point plutôt que éditions La Boétie ?
Nous nous sommes interrogés. Ce n’est pas une décision évidente. Beaucoup de gens auraient pu s’imaginer à tort que c’était du réemploi du magazine, avec le côté éphémère du news. Un nom propre signifie qu’il y a une vraie activité d’édition, beaucoup plus importante qu’en presse. Lorsque l’on traite d’un sujet sur les plantes médicinales, pourtant déjà très couvert, on estime que le sujet mérite qu’on aille plus loin et on en fait un livre, dont nous ne nous interdisons pas de parler dans le journal, et dont nous avons sorti 6 000 exemplaires. Lorsque Sophie Coignard publie un livre sur Les francs-maçons, un des titres de notre collection « 100 questions sur… », sujet qu’elle a par ailleurs beaucoup traité dans le journal, elle l’écrit spécialement pour les éditions La Boétie.
Quels sont vos objectifs ?
Nous pourrons mesurer l’effet collection des éditions La Boétie au bout d’un an avec environ quinze titres en 2014. Nous voulons faire de l’édition pure, même si quelques sujets et rencontres d’auteurs nous conduisent à faire de la coédition, comme nous le ferons avec Belin sur les grands prêtres de l’histoire. Notre plus gros succès vient d’ailleurs d’une coédition avec Odile Jacob pour un livre d’entretien entre Aldo Naouri et Emilie Lanez, journaliste au Point. Nous ne sommes que deux, François-Guillaume Lorrain à l’éditorial et moi pour la structure, par ailleurs très occupés par le journal. Mais si c’est fait dans les règles de l’art, que l’on joue de bonnes complémentarités et qu’on utilise notre bon savoir-faire, on risque assez peu. Cela ne représente pas un gros investissement pour Le Point et ça nous permet d’aller sur l’univers de la référence, de créer une nouvelle activité qui fonctionne pas mal et qui de temps en temps permet d’avoir un succès. Même si cette activité n’a pas un fort effet de levier, nous pensons qu’elle est assez solide, car encore une fois, nous croyons à l’écrit. <