Racontée par lui-même, à la première personne, dans un style incisif, plein d'« ironie déconstructive » reconnaît-il, voici une année dans la vie de Nico, 25 ans, à partir d'un réveillon de Nouvel An chez de vagues connaissances avec son pote Andreas, durant lequel il croise une fille, Laura, dont il tombe instantanément raide dingue. Il faut dire qu'elle a de tout petits seins, et des yeux couleur ardoise mouillée.
Nico est un fils à papa bobo rive gauche, auteur et chanteur du groupe Peggy Sage, dont les chansons, « entre Michel Delpech et David Bowie », ne décollent pas vraiment. À la fin d'ailleurs, après un dernier concert dans une demolition party et le départ du batteur, Robin, pour Bordeaux, le quatuor se séparera. De toute façon, Nico n'y a jamais vraiment cru, ne s'est jamais vraiment investi dans cette carrière. Trop dilettante, trop gainsbourien - le génie en moins. D'ailleurs, un jour de déprime, il a emprunté, sur la tombe du grand Serge, la sculpture à la tête de chou de Claude Lalanne, et l'a trimbalée avec lui toute cette fameuse année, en guise de talisman.
Il ne met pas plus d'enthousiasme dans ses études (histoire de l'art à Paris-I), travaillant mollement à un mémoire de maîtrise sur les autoportraits de Van Gogh revus par Francis Bacon. Il a quelques idées originales (le rapprochement avec Le jambon, de Gauguin), mais tout cela demeure superficiel. Son directeur, M. Fabis, lui accordera la mention bien, à condition qu'il s'arrête là. Marché conclu.
En mai, puis jusqu'au réveillon suivant, il va revoir Laura plusieurs fois. Mais jamais seule. Elle l'apprécie, l'encourage, mais joue un drôle de jeu : elle lui avoue avoir un copain, Alexis, jeune acteur prometteur, et elle couche peut-être avec Andreas. Avec Nico, en revanche, juste quelques baisers passionnés, des câlins... Il sera malheureux comme les pierres, se consolant entre les bras d'Inès (laquelle, à la fin, revient de Berlin : esquisse d'une idylle ?) et chez son père, devenu syllogomane compulsif depuis que sa femme l'a quitté.
Cette histoire générationnelle nous est contée avec élégance par Jérôme Attal, écrivain, parolier, blogueur, diariste, qui a peut-être quelques traits en commun avec son héros. Pour le reste, toute ressemblance, etc.
L'âge des amours égoïstes
Robert Laffont
Tirage: NC
Prix: 19 € ; 224 p.
ISBN: 9782221251737