Karine Caetano, directrice commerciale de l'École des Loisirs : "Les hausses de prix ne compensent pas l'augmentation des coûts de production"

Karine Caetano, directrice commerciale de L'Ecole des loisirs - Photo DR

Karine Caetano, directrice commerciale de l'École des Loisirs : "Les hausses de prix ne compensent pas l'augmentation des coûts de production"

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Par Charles Knappek
Créé le 02.09.2022 à 11h59

Quelle est la politique tarifaire de L'École des Loisirs dans le contexte inflationniste actuel ? 

Toutes nos nouveautés ont vu leur prix suivre l'augmentation régulière des coûts de production. En revanche, nous avons procédé à des hausses ponctuelles pour le fonds du catalogue, d'abord le 1er mai 2021 avec un accent mis sur les ouvrages illustrés, puis une hausse plus générale le 1er mai 2022. Nous n'avions pas augmenté nos prix depuis une dizaine d'années et le décalage avec le tarif des nouveautés était devenu important. En cumulant les deux revalorisations, le prix de nos titres du fonds a progressé de 7 %. C'est important pour nous car ces ouvrages parus depuis plus de deux ans représentent 70 % du chiffre d'affaires de L'École des Loisirs. Néanmoins ces hausses ne compensent pas l'augmentation de nos coûts de production, dont une partie est intégrée au détriment de notre marge. De plus, ces augmentations sont parfois compliquées à mettre en œuvre pour des raisons pratiques chez les libraires. Comme la loi Lang impose aux éditeurs d'indiquer le prix au dos des livres, les libraires doivent réétiqueter les titres qui ont des rotations faibles et que nous ne prévoyons pas de réimprimer dans l'immédiat. 

Ces augmentations ont-elles un impact sur les mises en place en librairie ? 

Chez nous, cet impact est faible car le prix intervient rarement dans le choix du libraire de mettre en place nos ouvrages. En jeunesse comme en bande dessinée, il ne faut pas oublier que les prix restent globalement tenus. À coûts de fabrication équivalents, le prix de vente d'un roman jeunesse est, par exemple, notoirement moins élevé que celui d'un roman adulte. Face à la hausse des prix, la réédition au format poche d'ouvrages jugés trop chers en grand format peut constituer pour les éditeurs jeunesse, mais aussi de littérature adulte, une solution pour maintenir une offre attractive auprès des lecteurs. 

Le prix psychologique est-il un mythe ou une réalité ? 

Je vais répondre par un exemple. À L'École des Loisirs, cela dépend aussi de la notoriété de l'auteur. Nous vendons depuis des années des livres de Claude Ponti à plus de 20 euros, sans que cela ait jamais constitué un frein pour nos lecteurs. Ce sont des albums à part, avec un dos toilé et un façonnage particulier qui justifient leur prix. A contrario, nous n'aurons pas la même politique de prix avec un jeune auteur encore inconnu tout en étant attentif à l'objet. De manière plus globale, on observe néanmoins une certaine élasticité de la notion de prix psychologique. Au cours des cinq dernières années, le prix des albums est passé sans trop de difficulté de 13 à 15 euros, même s'il est toujours compliqué d'établir une moyenne car les prix augmentent beaucoup moins sur les séries marketées et les licences, notamment car ces dernières pénètrent des réseaux de vente plus grand public.   

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