Et si la solution pour maintenir son compte d’exploitation à flot était la diversification ? Ces dernières années, plusieurs éditeurs ont minoré progressivement la part de leur catalogue estampillée universitaire à travers des collections identifiées ou leurs fonds tombés dans le domaine public et soumis à une forte concurrence. « Quelques éditeurs ont su s’ouvrir à des lignes éditoriales qui ne sont pas seulement inscrites dans l’enseignement, mais qui sont susceptibles d’intéresser un public plus large en tant que citoyen. Les Puf sont dans cette logique depuis dix ans avec des collections comme “Major? ou “Premier cycle? », analyse Alain Panaget, directeur de la librairie Sauramps, à Montpellier. Pour lui, « s’il y a une matière qui était affaire de spécialistes il y a quinze ans, c’est l’économie. On ne trouvait que des ouvrages universitaires et des classiques. Aujourd’hui, l’économie critique occupe une place importante. Ce sont des livres qui décryptent, dénoncent, et qui sont publiés par des éditeurs comme La Fabrique ou Les Liens qui libèrent. Les éditeurs universitaires sont confrontés à ce phénomène ».

Depuis qu’elle a lancé sa nouvelle collection « Doc’ en poche » en février 2012, La Documentation française ne fait pas mystère de sa volonté de conquérir de nouveaux marchés. « Cette collection propose une approche simple sous forme de questions et d’encadrés. Elle épouse notre objectif de toucher un nouveau public », explique Véronique Isambert, responsable du département commercial de La Documentation française. Les deux premières déclinaisons de « Doc’ en poche », « Entrez dans l’actu » et « Place au débat », ont généré des ventes « encourageantes ». Un résultat acquis en partie grâce au savoir-faire d’Union Distribution, à qui La Documentation française fait appel depuis l’été 2012. « Nous avons amélioré notre présence en librairie grâce à ce partenariat, c’était nécessaire à partir du moment où nous proposions des titres plus grand public », poursuit Véronique Isambert. La maison publique lancera en octobre six nouveaux « Doc’ en poche », dont deux dans la troisième et nouvelle déclinaison de la collection « Regard d’expert. »

Auteurs locaux.

La possibilité de toucher le grand public est de mieux en mieux appréhendée par les éditeurs. Quæ, notamment, s’appuie depuis 2010 sur Geodis et la Sodis pour accompagner ses deux collections grand public de vulgarisation scientifique, « Clés pour comprendre » et « Carnets de sciences ». « Cela permet d’avoir des titres forts en librairie et d’être bien placé sur Sciencespourtous.org, qui a été mis en œuvre par le SNE », explique Catherine Thiolon, directrice du développement numérique. Après Paris, Lyon ou Bordeaux, La Découverte poursuit sa série sur la sociologie des villes avec un nouveau titre consacré à Nantes. « Cette série ouvre notre catalogue à un public plus large que l’universitaire. Les ouvrages sont toujours rédigés par des sociologues locaux, ce qui nous permet de mieux nous faire connaître. Nous organisons des opérations de promotion, c’est une bonne diversification », estime François Gèze, P-DG de La Découverte.

Pour le Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville, publié fin août par les Puf, la P-DG Monique Labrune annonce la couleur : « C’est un livre qui vise à la fois le grand public et l’universitaire. » Avec ses « Repères pratiques », Nathan cible « aussi bien le lecteur curieux que l’étudiant de licence », rappelle le directeur commercial Max Prieux. Dunod recherche d’abord des passerelles entre monde étudiant et monde professionnel, certains ouvrages conçus pour l’un intéressant parfois l’autre, et réciproquement. « Grilles & mise en page est typiquement un titre conçu pour les professionnels du graphisme, mais qui peut être recommandé aux étudiants », illustre Florence Martin, directrice marketing et communication.

Avec la 24e édition d’Exporter, coédité avec Ubifrance, Foucher joue aussi sur les deux tableaux. « C’est la bible des étudiants et des professionnels, mise à jour tous les deux ans. On en vend 3 000 à 4 000 par an en moyenne », indique Olivier Jaoui, directeur général. De son côté, Armand Colin se lance sur le terrain du livre de poche avec « Armand Colin poche ». « Cette nouvelle collection, qui est un axe fort de la rentrée, a vocation à accueillir des manuels et peut aussi intégrer des ouvrages parus dans des collections non universitaires, explique Stéphane Bureau, directeur délégué à l’édition. Les frontières sont floues entre le manuel et l’essai susceptible de séduire le grand public cultivé. » Une première vague de parutions a été lancée le 18 septembre avec six titres en histoire. <

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