Homme libre, Hervé Hamon a toujours chéri la mer. Son œuvre, abondante et diverse, en témoigne, depuis Besoin de mer (Seuil, 1997, chez Points le 16 avril), dont le titre sonnait déjà comme un manifeste. En 2007, il avait publié, aux éditions du Panama, Paquebot, un roman d’aventures maritime (repris chez Points en 2011), où l’on avait fait connaissance avec le capitaine Shrimp, de son vrai nom Santucho, descendant de républicains espagnols, un homme de bien, de convictions et de sang-froid - et son petit monde : Be-bop, son second, Creux, le mécanicien, et quelques autres. Les voici de retour pour un épisode toujours aussi jubilatoire, porté par la verve d’un écrivain hauturier, truffant son livre de clins d’œil. Ainsi, après que le New Wave - nouveau nom de baptême de l’ancien Imperial Tsarina - eut triomphé d’un tsunami aussi brutal que soudain, équipage et passagers font la fête : "on se bousculait autour du buffet, écrit Hamon, pire qu’un soir d’ouverture du Salon du Livre, à Paris"…
Les armateurs de la compagnie Splendid, basée à Nauru, un paradis fiscal micronésien, Marios, un aigrefin grec, et Boris, un vrai mafieux russe, ont eu l’idée d’un nouveau concept : une croisière écologique à moitié prix le long des côtes du Chili, de Valparaiso à Chiloé. En fait, une escroquerie pour gogos et, surtout, pour eux, l’opportunité d’installer une banque offshore dans les eaux internationales et de gagner virtuellement des millions.
Mais Shrimp et ses amis, grâce au suicide d’Oxana, une danseuse russe de petite vertu mais de grand cœur, au courage du professeur Korb, son amoureux transi, l’un des trois conférenciers du bord, à la cohésion de l’équipage et à la fortune de Pamela Hotchkiss, l’amoureuse du capitaine, vont finir par démasquer le trafic, et les deux armateurs ripoux se retrouver le bec dans l’eau.
Ce gros roman achevé, le lecteur n’a qu’une envie, réembarquer avec Shrimp, Pamela, Be-bop et les autres, sur un Paquebot III. J.-C. P.
