Y a des jours, des semaines, parfois plus encore, où on n’a rien à dire. Envie de rien faire, de ne pas ajouter des mots à la cacophonie ambiante. Un nouveau blog ? Pourquoi ? Pour la gloire ? Parce que ? A quoi bon ces bavardages ?… Il est vrai que les temps sont durs : les deux derniers week-ends à la Foire aux livres de Brive et au Salon du Livre gourmand de Périgueux m’ont été fatals. Le foie (gras, évidemment) crie grâce. A y perdre la foi. La découverte piétonnière de ces belles cités s’est révélée particulièrement douloureuse pour mon genou. Va falloir tailler dans le vif. Et puis, avouons-le, le départ de ma compagne à l’autre bout du monde pour une conférence sur les violences faites aux femmes m’a achevé. La double journée c’était pour moi. Lire, écrire, compter, oui mais aussi faire la cuisine, la vaisselle, le linge, le ménage. ARRETEZ ! D’autant que les enfants m’ont enfoncé : « T’es pire que maman ! Un vrai maniaque du rangement .» Moi qui laisse tout traîner ! Ah les femmes, vous les femmes (roucoulez comme Julio Iglesias, vous comprendrez tout) ! Comment y arrivez-vous ? Quel homme a réussi à ouvrir le Louvre au slam, et la banlieue à l’art ? Toni Morrison, prix Nobel de littérature, elle, l’a fait. Il faut donc venir de Princeton pour comprendre les problèmes de nos banlieues. Relisez donc Beloved (10/18), un des chefs-d’œuvre de la littérature mondiale entre la vaisselle et le repassage. Regardez Shaharazad, il a fallu qu’un amoureux rejeté l’immole par le feu pour que le ministre de l’Intérieur vienne lui remettre la nationalité française. Quel courage ! Quelle dérision, aussi. On n’aime les immigrés que bien cuit ! Vous verrez que si on continue comme cela un jour on devra élire une femme à la présidence de la République pour changer les choses. Mais c’est pure utopie, n’est-ce pas ?… Il n’y a qu’un homme pour commencer un blog sans en avoir jamais lu un. Nous, on sait évidemment ! Saisi par la flemme, j’ai profité ces derniers jours de ma grève de blog pour aller voir un peu ce qui s’écrit sur le net. J’ai découvert des blogs littéraires par centaines. Souvent tenus par des lecteurs, plutôt en fait par des lectrices, qui disent leur passion pour les livres. Avec une franchise, une sincérité spontanée, une vérité troublante pour celui qui a fréquenté davantage le papier et l’encre d’imprimerie que le monde virtuel du net. Faut-il ajouter des mots aux mots ? De la compétence face à la passion ? Je doute. Nous verrons, nous verrons… PS Bienvenue à mon nouveau voisin de colonne, David Foenkinos. Un homme qui a écrit En cas de bonheur , Le potentiel érotique de ma femme et Les cœurs autonomes ne peut pas être mauvais.