La France va mal, la France a peur. Les émeutes affluent, le nombre de morts depuis le début des événements ne cesse d'augmenter, l'explosion semble imminente. Le premier polar que Jérôme Leroy signe à la "Série noire", Le Bloc, se déroule de nos jours. Le Bloc, c'est le Bloc patriotique. Un parti d'extrême droite dont le siège, le Bunker, se trouve à la Défense. A sa tête, la brune Agnès Dorgelles a succédé à son père, le "Vieux". Les prochaines élections approchent et voici enfin le Bloc aux portes du pouvoir. On parle de pas moins de dix ministères dans le prochain gouvernement, dont un éventuel ministère d'Etat à la Sécurité publique...
Le cinglant roman de l'auteur de Monnaie bleue (Le Rocher, 1997, repris dans "La petite vermillon") et de Physiologie des lunettes noires (Mille et une nuits, 2010) fait alterner deux narrateurs. Le premier est un ancien écrivain qui a préféré verser dans la politique. Antoine Maynard est le mari d'Agnès Dorgelles, il pourrait bien devenir secrétaire d'Etat. Celui qui jadis se faisait déjà traiter de rouge-brun lorsqu'il écrivait dans le Fou français, le journal que dirigeait François Ewan Combourg, a les cheveux en brosse et le look d'un "flic new-yorkais qui aurait abusé des menus Giants ». Puisque Agnès a cherché à faire le ménage, à rendre le Bloc présentable, il lui faut se débarrasser d'un ami à la sale réputation, Stéphane Stankowiak, dit Stanko.
Le second protagoniste de l'affaire est quant à lui un ancien para devenu délégué général de la sécurité selon l'organigramme du parti. Un homme des sales affaires qui formait à sa manière les soldats d'une unité secrète. Pour lui, un "muzz" reste "un muzz, même s'il a une carte d'identité". Les "muzz", comme "les nègres et les juifs", il lui tarde de les remettre enfin "à leur place d'hilotes"... Avec la plume de hussard qu'on lui connaît depuis L'orange de Malte (Le Rocher, 1990), Jérôme Leroy décrit un pays au bord de la guerre civile.
L'un de ses personnages a sa théorie sur la question et parle "d'émeutes de la misère, de révoltes de la faim, de la façon dont le gouvernement a organisé la guerre de tous contre tous pour faire oublier qu'il enrichissait la caste des grands patrons qui l'avait amené au pouvoir, tout en paupérisant le reste de la population avec une brutalité sans précédent"... Une chose est sûre, on va entendre parler de ce Bloc dérangeant, qui appuie là où ça fait mal et son éditeur, Aurélien Masson, vante un "roman brûlot sans garde-fou politiquement correct" qui nous fait "regarder "la bête" droit dans les yeux".