Le marché français de l'occasion, qui représentait 350 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 (+49 % en 5 ans), selon une étude de la Sofia et du ministère de la Culture, continue d'attirer de nouveaux entrants. Depuis le 18 mars, les Parisiens découvrent en effet la devanture noire et blanche de Re-Read (littéralement, « Relire »), « librairie lowcost », au 119 boulevard Voltaire (XIe).
S'il s'agit de la première adresse française de l'entreprise, le concept a déjà largement essaimé en Espagne, avec 57 librairies et une ouverture très prochaine à Lisbonne, au Portugal. Parmi celles-ci, quatre appartiennent à Mercedes Zendrera et Nicolas Weber, le couple fondateur de Re-Read, tandis que les autres sont franchisées.
Achat et vente à prix unique
« Depuis 1997, nous tenions la librairie Baïbars à Barcelone, mais avec la crise de 2009, il fallait soit se réinventer soit mourir. Nous avons conservé notre librairie de quartier tout en lançant cette nouvelle formule », retrace Nicolas Weber pour Livres Hebdo. Depuis, Baïbars est devenue une librairie Re-Read au design pensé, comme pour chacune des adresses, par le studio barcelonais Talking Design Studio… Qui a lui-même ouvert une librairie en franchise.
Le concept se veut simple. Re-Read achète aux particuliers des livres d’occasion à prix unique (0,25 euros) puis les revend à un prix unique : un livre 4 euros, deux livres 7 euros et cinq livres 15 euros. Pour se démarquer, l'enseigne mise notamment sur l'image moderne de ses boutiques, ainsi que sur la classification et le rangement des livres.
Un essor « en bonne intelligence » avec les acteurs historiques
À Paris, c'est leur fille, Julia Weber, qui est aux commandes de cet espace de 100 m2, accompagnée par deux salariées. « Paris, avec sa riche culture littéraire, est l'endroit idéal pour notre expansion », explique Nicolas Weber, lui-même né au 11 boulevard Voltaire.
Quant à la concurrence des acteurs déjà bien installés en librairie physique, l'entreprise familiale se veut confiante. « En Espagne, il n'y a pas d'équivalent à Gibert mais il y a aussi des acteurs historiques du livre d'occasion. Or notre développement se fait en bonne intelligence avec les libraires de livres neufs, d'occasion, et de vieux livres vers lesquels nous renvoyons volontiers pour un livre ancien que nous n'avons pas vocation à reprendre, ou un livre récent que nous n'avons pas », précise Nicolas Weber.
La carte de la proximité
Par ailleurs, alors qu'en 2022 Internet représentait en France un livre d’occasion acheté sur deux auprès de places de marché telles qu'Amazon, de nouveaux vendeurs comme Momox ou Label Emmaüs, et des plateformes de mise en relation entre particuliers (Vinted, Leboncoin…), Re-Read entend jouer la carte du commerce de proximité.
« Nous aimons aussi travailler avec les nouvelles technologies pour proposer de nouveaux services. Par exemple, des robots photographient quotidiennement les étagères de nos librairies en Espagne, permettant de faire des recherches en ligne pour nos clients. Nous avons aussi développé un service d'alerte qui nous permet de contacter la personne quand on reçoit le livre qu'elle recherche », détaille Nicolas Weber, qui travaille régulièrement auprès d'ONG et d'agences de l'ONU en matière de nouvelles technologies.
Les annonces d'Emmanuel Macron, le 12 avril, sur la mise en place d'une « contribution » sur les ventes de livres d’occasion, n'inquiètent pas non plus l'entrepreneur. « Nous sommes vigilants mais il nous a semblé comprendre que cela ciblerait les grandes plateformes de vente par Internet », indique Nicolas Weber. « Nous recevons déjà des demandes de personnes qui aimeraient ouvrir leur librairie Re-Read en France », poursuit-il. Pour l'heure, l'équipe se concentre sur l'inauguration de la librairie parisienne, prévue le 8 juin.