édito par Christine Ferrand, rédactrice en chef

Pour la troisième année consécutive, la production romanesque, d’août à octobre 2013, sera en baisse, comme nous l’indiquons dans notre dossier Rentrée littéraire. Mieux, avec 555 romans français et étrangers programmés, elle repasse pour la première fois depuis douze ans en dessous de la barre des 600 nouveautés.

Les éditeurs reviendraient donc à la raison, face à tous ceux qui stigmatisent année après année la surproduction. Un refrain récurrent depuis au moins… 170 ans, comme en témoigne un texte de Sainte-Beuve, « La littérature industrielle », écrit en 1834 pour la Revue des Deux Mondes, qu’Allia réédite opportunément : « Depuis deux ans surtout, on ne vend plus : la librairie se meurt, écrit l’auteur des Causeries du lundi.On a tant abusé du public, tant mis de papier blanc sous des volumes enflés et surfaits, tant réimprimé du vieux pour du neuf, tant vanté sur tous les tons l’insipide et le plat, que le public est devenu à la lettre comme un cadavre. »

Les éditeurs ont en tout cas tiré les leçons de la morosité de 2012, qui s’est traduite par une baisse des ventes de romans de 3 % (sur un recul de l’activité globale de 1,5 %) et d’un premier semestre 2013 poussif, même si le mois de mai marque, selon nos indicateurs Livres Hebdo/I+C, un rebond de 2,5 %. Cette prudence s’accompagne pourtant d’une réelle prise de risque, puisque le nombre de premiers romans - 86 - est le plus important que nous ayons enregistré depuis trois ans. La crise économique coïncide de toute évidence avec un tournant générationnel : on le perçoit aussi bien dans le chassé-croisé des jeunes cadres de l’édition que dans l’arrivée de nouveaux romanciers de talent.

Quoi qu’il en soit, la rentrée littéraire 2013 s’annonce particulièrement diversifiée, ouverte sur le monde et métissée d’apports d’autres genres littéraires, comme la science-fiction et le fantastique, avec des écrivains qui se confrontent souvent à d’autres disciplines telles que le cinéma ou le théâtre. On sent de façon diffuse une influence d’Internet qui décomplexe - on s’amusera du roman par tweets d’Alain Veinstein - et apporte un peu de piquant et de liberté.

A noter : on retrouvera le meilleur de cette rentrée dans Que lire ?, une reprise de toutes nos critiques, portraits et entretiens d’écrivains, qui sera diffusée gratuitement en librairie à partir du 29 août.

11.10 2013

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