Le segment des activités de plein air est le seul à avoir enregistré une croissance en 2020. Les éditeurs spécialisés renforcent leur offre.
Sevrés de voyage et contraints de rester dans l'Hexagone, les Français se sont massivement tournés vers les activités de plein air en 2020, randonnée et vélo en tête. Les éditeurs spécialisés ont suivi. « Malgré une production en baisse de 20 %, notre chiffre d'affaires est en hausse de 3,7 %, se félicite Annie Sissoko, responsable de département à la Fédération française de randonnée pédestre (FFRP). Une année classique, nous aurions déjà été contents de rester à l'équilibre, là c'est exceptionnel. »« Nous avons plutôt bien traversé la crise, bénéficiant autant de notre ancrage en régions que de l'intérêt des Français pour le tourisme vert », confirme Hervé Chirault, éditeur tourisme chez Ouest-France. Au sortir du premier confinement, Ouest-France a organisé en librairie une opération « outdoor » réunissant ses collections « Balades à pied » et « Vélos », enregistrant une progression de 7 % de son chiffre d'affaires de juin-août 2020 par rapport à la même période en 2019.
Le constat est général : « Notre activité a progressé de 10 % au global pour les titres Chamina », indique Hélène Tellier, directrice éditoriale du groupe Losange, auquel appartient Chamina, spécialisé dans les randonnées pédestres et à vélo. Glénat de son côté signale une augmentation de 4 % des ventes de ses guides de randonnée et de pratique sportive en milieu naturel. « Le besoin de respirer des Français était en conformité avec notre ligne éditoriale », résume Isabelle Fortis, directrice générale de Glénat Livres.
S'ils se refusent à tout triomphalisme, ces acteurs voient aussi dans les incertitudes qui demeurent sur le front sanitaire un moyen de renforcer leurs actions sur les destinations nature en France. Chamina lance en avril une nouvelle collection, « Boucles à vélo », proposant des itinéraires de 30 km maximum adaptés à la pratique en famille. Les deux premiers titres couvrent la région lyonnaise et le Finistère sud. « Tous les cyclistes ne veulent pas faire de l'itinérance, analyse Hélène Tellier. Nous visons là un public davantage orienté loisirs. » Dans le même esprit, Ouest-France publie un titre « spécial Covid » intitulé 15 escapades vélo sur voies vertes à moins de deux heures de Paris ; Glénat propose Voyager à vélo en famille et redéploie en mars une collection « Voyages à vélo & vélo électrique ». Le Petit Futé actualise sa série par région « Les plus belles balades à vélo » avec des titres incluant une carte parcours GPX (fichier utilisable par un GPS), à télécharger.
En randonnée, les éditions Belles Balades annoncent pour mai « Les carnets d'Emma », collection de carnets d'inspiration associant aquarelle et photos dont le positionnement se situe « à la croisée entre hédonisme et culture », selon Yann Le Fichant, gérant de Belles Balades. Chamina inaugure aussi une collection « Rando gourmande » avec deux premiers titres dédiés au Morbihan et à l'Alsace. Glénat procède pour sa part à la refonte de la collection « Les P'tits Crapahuts ».
En revanche, le confinement ne s'est pas traduit par une explosion du digital. A la FFRP, l'offre d'abonnement numérique GR-Access a connu une croissance en rapport avec les années précédentes. « Le principe du GR-Access est que vous n'imprimez que ce qui vous intéresse, mais il s'adresse à un public déjà adepte de nos topoguides et cela limite son développement », analyse Annie Sissoko. Sur le marché plus porteur des ouvrages papier, la Fédération poursuit ses partenariats avec divers éditeurs (Ouest-France, Glénat, Belles Balades...). Elle annonce notamment trois nouvelles coéditions avec Belles Balades, connues des randonneurs pour leurs iconographies de la faune et de la flore et leur appli mobile.