La relaxe requise au procès de Lalie Walker

Lalie Walker © Alain Villa/Wikimedia

La relaxe requise au procès de Lalie Walker

Dans le procès intenté pour injures et diffamation à l'auteure du roman policier Aux malheurs des dames, la représentante du Ministère public a demandé la relaxe. Jugement le 19 novembre.

Par Julie Rocha-Soares
avec jrs Créé le 15.04.2015 à 21h52

Le Village d'Orcel, société qui exploite le Marché Saint-Pierre, attaquait pour diffamation et injure vendredi 15 octobre, devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, les éditions Parigramme, leur fondateur François Besse et Lalie Walker, l'auteure du roman policier "Aux malheurs des dames". L'ouvrage utilise comme décor de son intrigue le célèbre marchand de tissu du XVIIIe arrondissement de Paris et ses dirigeants reprochent à la romancière d'avoir cherché à leur nuire. Ils réclament l'interdiction du livre et 2 millions d'euros.

L'audience a duré près de 4 heures, devant une assistance attentive et réactive, composée de nombreux écrivains dont Jean-Bernard Pouy. Convaincante, la plaidoirie de Me Emmanuel Pierrat, avocat de Lalie Walker et François Besse, a provoqué à plusieurs reprises l'hilarité de la salle. Me Pierrat s'est amusé à donner la liste de pas moins de 50 romans utilisant des noms de sociétés réelles dont les dirigeants n'ont pas pour autant saisis la justice. Entre autres, la SNCF, qui a inspiré des romans aux titres évocateurs : "Meurtre dans le TGV" d'A. Faujas, "Très grande syncope en TGV" de J. Foucault et B. Bazile, "Le mystère du TGV 7777" de J. Rémy, "Le fantôme du TGV" de R. Drac et M. Tarride, etc.

"Plus sérieusement", notre chroniqueur juridique a ajouté que l'avertissement en première page du roman servait à bien séparer le registre de la fiction de celui de la réalité. Lalie Walker, appellée à la barre, l'air abasourdi par ce procès, a bien insisté sur le fait que son livre n'est pas une enquête mais une fiction, précisant : "J'ai choisi un lieu emblématique où faire évoluer un tas de personnages qui, à ma connaissance, sortent de mon imagination."

Un roman téléguidé ?

Les gérants du Marché Saint-Pierre étaient les grands absents de cette audience, ce qu'ont déploré juges, avocats et procureur. Pour leur avocat, Me Puireux-Reillac, l'ouvrage est né du "complot du couple Magdelonnette qui a téléguidé l'auteure". Ces anciens employés du marchand de tissus, en conflit avec leur ex-employeur depuis leur licenciement en 2005 et 2006, étaient, eux, présents à l'audience. Ils ont déclaré à la barre, de concert avec Lalie Walker, qu'ils ne s'étaient jamais rencontrés avant cette affaire, niant ainsi tout soupçon de conspiration ou l'existence d'une "soif de vengeance pour la disparition du Marché" ainsi que l'avait déclaré Me Puireux-Reillac.

La représentante du Ministère public a balayé la thèse d'une complicité entre le couple Magdelonnette et la romancière en soulignant l'absence totale de preuves d'une rencontre. Elle a surtout tenu à affirmer que "le roman n'est pas le terrain de prédilection de la diffamation", avant de réclamer la relaxe de Lalie Walker. Le jugement sera rendu le 19 novembre.

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