Contre-histoire. Passons sur le titre, juste un effet de mode. On lui préférera la notion d'autre histoire. D'autant que le livre est intéressant, astucieux et ouvre de nombreuses pistes. Il s'agit non pas d'être contre mais de porter un regard différent sur la IIIe République, celle de Jules Ferry, ce modèle auquel on se réfère sans plus vraiment savoir pourquoi. Car, en effet, lorsqu'on parle de valeurs républicaines, de pacte, de sanctuaire ou d'ordre républicains, c'est à elle que l'on renvoie comme si elle s'imposait comme la matrice de toutes les autres. Pourquoi ? C'est la grande question qui sert de guide à ce collectif d'une vingtaine d'historiens mené avec énergie par Marion Fontaine, Frédéric Monier et Christophe Prochasson sous l'impulsion de François Gèze, le patron de La Découverte.

Décortiquée mais pas systématiquement attaquée, la IIIe République est mise à nue dans son ensemble d'institutions, de symboles et d'idées avec ses promesses pas toujours tenues en matière de liberté et de citoyenneté ou dans la place accordée aux femmes, aux ouvriers et aux catholiques.

Les différentes contributions incitent à dépasser la célébration de la République pour réfléchir à ce qu'elle représente dans la mythologie nationale. En cela, ce volume est une remarquable mise à jour de ce qu'en disaient Leslieux de mémoire, dirigé par Pierre Nora il y a près de trente ans, et le Dictionnaire critique de la République (Flammarion, 2002), dirigé par Vincent Duclert et Christophe Prochasson. Pas de doute, la République, c'est toujours maintenant !