SOPHIE BENECH a deux amours : la Russie et la langue. Il n'est donc pas étonnant qu'elle traduise depuis vingt ans les grands écrivains russes pour l'édition française. C'est à cette admiratrice de Dostoïevski que Le Bruit du temps a fait appel pour traduire les ?uvres complètes d'Isaac Babel, à paraître le 25 octobre. 1 300 pages qui réunissent pour la première fois tous les textes en prose de l'auteur (pièces de théâtre, scénarios, reportages, discours, etc.). Une entreprise colossale que Sophie Benech a mis deux ans et demi à mener à terme, avec fièvre : "Il y a chez cet écrivain une façon de voir les choses qui me touche : rien ne le dégoûte, il s'intéresse à toutes les formes d'humanité, même les plus abjectes", raconte la traductrice qui voue un amour de spécialiste aux plumes slaves. Chalamov, Andreev, Oulitskaïa, Pasternak, Bouïda, elle entretient avec chacun une relation particulière qui prend ses racines dans sa jeunesse. Lorsqu'elle découvre Les frères Karamazov, c'est le choc : à 23 ans, elle abandonne tout pour s'installer à Moscou, avant de revenir à Paris avec, dans ses bagages, le texte de Varlam Chalamov qui va changer sa vie. Gallimard accepte de le publier en 1991. Un an plus tard, elle fonde les éditions Interférences avec son père Alain pour éditer Mes bibliothèques, le premier ouvrage de Chalamov qu'elle ait traduit. De coup de coeur en coup de coeur, le catalogue de la maison s'étoffe. Aujourd'hui, Sophie Benech publie deux titres par an et s'attache à ne publier que des auteurs qu'elle aime : des Polonais, des anglophones, "et des Russes, bien entendu !".