Chez le Froment, dans un petit village ardéchois, on est menuisier de père en fils depuis quatre générations. Las, Aurélien, dit Aurel, ne reprendra pas la menuiserie familiale. Il est dessinateur de presse. D’ici quatre ans, son père, Arnaud, prendra sa retraite. L’entreprise fermera s’il ne parvient pas à la céder à ses salariés sous la forme d’une société coopérative ouvrière de production.
Réalisée à partir d’interviews des protagonistes qu’Aurel a longuement accompagnés, La menuiserie est la chronique, à la fois documentée et personnelle, d’une fermeture annoncée. On y découvre les défis multiples d’une petite PME. On y voit surtout vivre et travailler des personnalités aux trajectoires singulières. Arnaud, qui a fait maths sup et l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers, n’était pas programmé pour reprendre l’entreprise de son père. Dominique allie haute compétence et caractère ombrageux. Khalid est issu d’une famille de commerçants marocains et Julien a d’abord été commercial, quand Jacques a toujours été menuisier. Marc est parti se mettre à son compte. A travers eux se dévoile une entreprise ordinaire, ses forces et ses faiblesses. Aurel la dépeint sobrement, sans effets superflus, dans un récit rythmé par les menus des déjeuners préparés par Madeleine, sa grand-mère institutrice à la retraite, qui a longtemps porté la PME où le professionnel et le personnel sont toujours imbriqués. Fabrice Piault