6 avril > Roman France > Laurence Nobécourt

Pendant plusieurs décennies, elle a été pour tous, ses proches et ses lecteurs, Lorette. Depuis ses débuts en littérature avec La démangeaison en 1994, elle a toujours signé Lorette Nobécourt. Aujourd’hui, Lorette liquide Lorette et présente Laurence. Raconte comment un prénom de naissance réinvesti il y a trois ans est devenu un prénom de renaissance. Celui d’un retour aux origines et d’une unité retrouvée. Comment dans un mouvement douloureux et libérateur, l’écrivaine et la femme de 48 ans assument désormais les "vibrations", "la couleur" des lettres de ce nom premier qui ne résonne plus comme "l’eau rance" mais se déploie dans son étymologie lumineuse. "Laurence, c’est "l’or en soi" dans la langue des oiseaux."

"Trouver son nom pour nommer ce qui est", telle est la quête de cette fille d’absolu, le mantra de l’exigence de vérité et d’élévation qui conduit depuis toujours son écriture. Dans ce livre bref et ardent, elle creuse ainsi tout ce que contient de soi un prénom et, en miroir, ce que travestit un pseudonyme. Ce "Lorette" endossé en carapace pour avancer dans le monde, en armure pour "tromper l’ennemi". Pour protéger aussi sans le savoir le vrai nom, en scindant son identité en deux, par réflexe de survie, quand, comme elle, on est né "dans une famille incestuelle" et que l’on a grandi auprès d’adultes qui ne "tenaient" pas leur place.

Etre enfin Laurence, c’est rompre et consentir. Et on peut lire ici une intense lettre d’adieu à la mère dans laquelle la fille congédie la mère mais tend la main à la femme. Et le corps qui a longtemps transformé la mélancolie en eczéma accompagne cette réappropriation. Dans la pneumonie qui la terrasse au moment d’abandonner Lorette, Laurence voit aussi "une expérience spirituelle à part entière", le chemin nécessaire pour pouvoir enfin porter glorieusement son nom comme une "tunique d’or". V. R.

 

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