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Jean-Luc Barré présente les nouveaux éditeurs de Plon

Le président Jean-Luc Barré entouré à gauche de Guy Birenbaum et Fabrice d'Almeida et à droite d'Aurélien Masson, recrutés chez Plon - Photo © ED

Jean-Luc Barré présente les nouveaux éditeurs de Plon

Un an après avoir pris la tête de Plon, Jean-Luc Barré accueille trois éditeurs chevronnés illustrant l’ambition de retrouver le rayonnement de la maison en alliant fidélité à son héritage et ouverture aux grands enjeux contemporains, avec en ligne de mire les prochaines échéances électorales.

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Par Éric Dupuy, Jacques Braunstein
Créé le 10.03.2025 à 18h29

Avec un catalogue rénové, des collections emblématiques revitalisées et des publications engagées, le président de Plon Jean-Luc Barré dévoile ses nouvelles ambitions éditoriales, un an après avoir pris la tête d’une des maisons emblématiques du groupe Editis, illustrées par l’arrivée dans l’équipe d’Aurélien Masson et Guy Birenbaum qui y rejoignent Fabrice d’Almeida.

En accueillant en son sein trois éditeurs chevronnés et complémentaires, qu’il nomme sa « force de frappe », Jean-Luc Barré affirme sa volonté de redonner à Plon tout son dynamisme et son influence. « Peu de maisons ont un tel potentiel, notamment en termes de collection » insiste-t-il auprès de Livres Hebdo.

Regard critique sur la politique actuelle

Le succès récent d’ouvrages signés par Gilles Kepel, Roselyne Bachelot, Hubert Védrine, Michel Onfray ou Rokhaya Diallo témoigne à ses yeux de « l’image totalement nouvelle, dynamique et un peu avant-gardiste de la maison ». Il insiste sur sa volonté de développer les collections emblématiques que sont « Feux croisés », « Dictionnaire amoureux » ou « Terre humaine », confiée à Stéphane Breton. Il souhaite également renouveler « Les Presses de la Renaissance », désormais intégrées sous le label « Plon Renaissance ». « Il y avait un vivier de textes exceptionnels dans le domaine spirituel qui a été laissé en jachère, explique-t-il. Nous allons le réveiller. »

Plon renforce aussi son ancrage dans la fiction, qui a parfois été délaissée : « La fiction, c’est compliqué. Mais pour moi la question ne se pose pas, Plon a une image et une histoire totalement liées à la littérature. » Il évoque le travail d’Aurélien Masson, nouvel éditeur en charge du domaine littéraire, saluant « son talent, sa lecture des textes et sa capacité à attirer des auteurs. »

« Moi, je fais des livres. Il n’y a pas de catégorie », enchaîne l’ancien directeur de la collection « Série Noire » chez Gallimard, passé par Les Arènes. Il défend une édition intuitive et passionnée, misant sur la relation avec les auteurs. « C’est toujours quelque part des histoires d’amour avec mes auteurs », lance-t-il en dévoilant ses premiers projets chez Plon : un roman immersif sur l’exil de Victor Hugo à Jersey, Le rocher des proscrits de Salim Bachi, un premier roman sur la désillusion d’un professeur face à sa classe, Grand poisson de Fabrice Sanchez et Reverse Cowgirl de l’australienne McKenzie Wark, une traduction d’un récit autobiographique transgressif sur l’identité et l’introspection.

Passé également par Les Arènes et transfuge de chez Stock, pour qui il terminera quelques projets en parallèle, Guy Birenbaum veut mettre en avant des récits authentiques et percutants, en privilégiant les témoignages forts et les enquêtes approfondies. « Ce qui m’intéresse et ce que je veux développer chez Plon, c’est la personne qu’on n’a jamais croisée et qui a quelque chose d’incroyable à raconter », assure-t-il en insistant sur l’importance de la sincérité des auteurs.

Parmi ses premières parutions, le témoignage du journaliste Jérémy Brossat, qui « a souffert de l’infobésité. Ce truc important que dans une rédaction on te dit qu’il faut faire absolument alors que toi tu sais que ça n’a pas d’intérêt. Et donc, il a explosé en vol ». Il publiera également un essai de son ami Laurent Guimier, ancien directeur de la rédaction d’Europe 1 ou France Info, sur la baisse de compétence des dirigeants politiques et la nécessité de poser un regard critique sur la politique actuelle. « À la fin du livre, j’ai demandé à Laurent de formuler des propositions. Qu’il dise : "là, on fait quoi, les gars ?" », raconte l’ancien twittos compulsif, désormais repenti.

Nouvelle collection pour jeunes essayistes

Des ouvrages complémentaires de ceux que porte Fabrice d’Almeida, ancien de Fayard et d’Albin Michel arrivé depuis quelques mois dans la maison. Ce dernier défend une vision transversale de l’histoire, de la politique et de l'économie.  « Je mets un peu d’histoire partout », sourit l’historien. Il annonce à Livres Hebdo la publication de plusieurs ouvrages dont ceux d’Agnès Buzyn et d’une enquête sur Bercy et l’État. L’économie n’est pas en reste avec la sortie d’un essai critique de Pascal Perri, Ces présidents qui nous ont fait tant de mal. Il se réjouit par ailleurs de la collaboration qui se poursuit entre la maison et son ami François Lenglet, dont il loue les intuitions visionnaires : La fin de la mondialisation (Fayard, 2013).

Chez Plon, l’éditeur continuera à explorer les récits en prise avec la société, avec un ouvrage consacré à des femmes aux parcours d’exception, un portrait de la France vu par Philippe Martinez dans Mon tour de Gaule. Ou une fiction très autobiographique de Thierry Ardisson intitulée L’homme en noir. « Un homme de gauche, un homme de droite » s’amuse Jean-Luc Barré.

Les essais et les débats d’idées restent au cœur de la stratégie de Plon avec la publication d’ouvrages de réflexion politique et géostratégique. « Nous voulons des livres qui ont une durée, qui répondent aux grandes questions de notre époque, pas des one-shots ou des polémiques gratuites », assure le président en allant un peu plus loin dans le dévoilement de sa stratégie éditoriale pour les échéances électorales à venir. Une nouvelle collection dédiée aux jeunes essayistes, sera lancée en 2026. « C’est important que je vous le dise sans vous le dire… Cette collection animera le débat, car on manque de vrais débats dans ce pays. »

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