Comme dit la chanson, "c’est un beau roman, c’est une belle histoire". C’est même "une romance d’aujourd’hui". Ou comment Léonard, un ado autiste léger, va parvenir, grâce au football, à s’intégrer au monde des autres, à réconcilier son oncle Vincent, entraîneur de l’équipe junior de Sedan, avec sa mère Madeleine, une enquiquineuse patentée et paumée, avec la vie en général grâce à Catherine, une pédo-psychiatre très séduisante, et, avec tous ces gens, à recomposer une vraie famille.
Léonard, 13 ans, est atteint du syndrome d’Asperger. Une pathologie qui se caractérise par un goût immodéré de l’ordre, une appréhension panique de tout élément perturbateur. Pour lui, "Martien en visite sur terre", tout doit rentrer dans les boîtes de son cerveau, et ce qui n’y entre pas l’affole. Au fur et à mesure qu’il découvre, apprend, il doit créer de nouvelles boîtes. Comme souvent les autistes, Léonard développe aussi des capacités étonnantes : c’est un surdoué aux échecs, par exemple, et il ne ment jamais. Ce qui lui vaut parfois quelques ennuis.
Un beau jour, Madeleine, une fois de plus en galère, débarque à Sedan pour confier son fils à son frère. Celui-ci, solitaire, déprimé, traumatisé par leur enfance pourrie à cause d’un père alcoolique, violent avec leur mère - en train de mourir d’un cancer -, s’est construit une petite existence pépère, et n’a guère envie de la voir bouleversée. Mais c’est un gentil, un peu trop quelquefois. Il accepte de s’occuper un moment de son neveu, et lui propose naturellement de jouer au foot. "Je n’aime pas le football, c’est un sport trop simpliste", rétorque Léonard, qui va pourtant se révéler un goal d’exception, parce qu’il est capable d’anticiper dans sa tête le moindre mouvement de l’adversaire, le moindre frémissement du ballon, donc de le repousser de ses cages. Au début, l’adaptation est rude. Et puis, grâce à Catherine, la psy qui a vite le béguin pour Vincent, celui-ci comprend parfaitement Léonard, lequel devient la mascotte des petits Zidane en herbe de Sedan - qui du coup gagnent tous leurs matchs. Et même Madeleine ne parviendra pas à mettre la pagaille dans ce bonheur retrouvé.
Scénariste, Alain Gillot signe, avec La surface de réparation, un premier roman sensible et tendre, avec des problématiques très contemporaines, des personnages extrêmement attachants. C’est un livre qui fait du bien, positif sans être gnangnan et qui, en cours d’adaptation pour le cinéma, va faire une comédie à la française épatante. J.-C. P.