A l’occasion des commémorations du 70e anniversaire de la libération des camps de concentration, pendant l’hiver et le printemps 1945, l’éditeur publiera le 17 mars prochain Traces de l'enfer. Christine Dauphant, directrice éditoriale chargée des essais et documents, a réuni les récits de six déportés juifs rescapés des camps de concentration, qui comptent parmi les derniers survivants portant la parole des événements qu’ils ont subis.
Larousse a exceptionnellement rassemblé cinq d’entre eux, qui ont raconté leur arrestation (double pour Sarah Montard, qui s’était évadée du Vel d’hiv), évoqué leur vie dans l’enfer dans des camps et expliqué leur difficile réinsertion après la guerre. Charles Palant n'a pu se déplacer en raison de son état de santé.
“Il n’y avait pas de psychologue pour se reconstruire à ce moment-là. On m’a donné un pantalon, une veste, 100 francs, et on m’a renvoyé dans la ‘vie normale’”, explique Victor Pérahia, arrêté avec sa mère à 9 ans en 1942 et déporté deux ans plus tard à Bergen-Belsen.
“On n’a jamais frappé aux portes pour parler, nous le faisons parce qu’on nous le demande. J'ai rejoint le groupe qui recueille des témoignages filmés, le travail a été fait. Les négationnistes, on les emmerde”, déclare vigoureusement Henri Borlant, déporté à 15 ans, en 1942, à Auschwitz. Malgré les obstacles administratifs à son retour, il reprend ses études en troisième à 18 ans et deviendra médecin.
Marceline Loridan-Ivens, arrêtée à 15 ans en 1944, déportée à Auschwitz, a raconté cette partie de sa vie dans un film, La petite prairie aux bouleaux. Elle relate avec une colère contenue les réactions de certains élèves lorsqu’elle le projette dans les établissements où son témoignage est sollicité. “Il faut être conscient des réalités d’aujourd’hui et prendre des mesures”, déclare-t-elle à la suite d’une question établissant un lien entre la Shoah et la résurgence actuelle de l’antisémitisme, dramatiquement illustrée la semaine dernière par la prise d’otages dans un supermarché casher à Vincennes.
Quatre des co-auteurs du livre à paraître chez Larousse ont par ailleurs déjà publié le récit de leur déportation chez d’autres éditeurs au cours des dernières années.