« C'est un objet encombrant une identité. » Bien souvent, ce sont les autres qui nous l'attribuent, quitte à nous enfermer dans une petite case qui ne nous correspond pas vraiment. Alors qu'elle dort paisiblement, l'héroïne de ce roman ne sait pas encore qu'elle va plonger dans une autre réalité. « Vous vous réveillez un matin, vous êtes noire. » Première phrase choc de ce constat étrange, lié à un message sur son répondeur. Une journaliste l'appelle pour lui demander de témoigner du racisme dont elle serait victime. La protagoniste de 29 ans, traductrice d'allemand, tombe des nues. Elle apprend à « se voir d'un regard nouveau », mais pas forcément constructif, tant cette identité l'interpelle. « Vous ne pouvez témoigner de rien. Vous n'êtes pas vraiment noire. »

Sa mère étant blanche et son père originaire d'Haïti, un pays qui n'évoque pas grand-chose pour elle, si ce n'est que sur cette terre symbolique, la vie côtoie constamment la mort. « Haïti c'est ce qui demeure quand tout a disparu. » N'empêche qu'il la renvoie au concept d'identité. « Identité, identité, identité, identité... Ce mot avait-il une signification avant de l'avoir tordu ? Inventez en un autre. » Cela semble essentiel, mais par quel terme le remplacer ? Après un premier roman, La fille du père, Laure Gouraige désire à nouveau s'affranchir des liens imposés par le sang ou la couleur de peau. « Pourtant, je suis quelqu'un. Un cœur attaché à un corps, un corps de femme », qui prend la plume pour refléter son âme.