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Laurent Garin, (l'École de la librairie) : "Nous favorisons les reprises et créations centrées sur le livre"

Laurent Garin, président de L’École de la Librairie - Photo DR

Laurent Garin, (l'École de la librairie) : "Nous favorisons les reprises et créations centrées sur le livre"

Alors que le nombre de porteurs et porteuses de projets de librairie en reconversion a explosé dans le contexte post-Covid, l'École de la librairie lance une certification pour sa formation « Créer ou reprendre une librairie ». Explications avec Laurent Garin, son président. 

Par Antoine Ginésy
Créé le 20.06.2023 à 17h24 ,
Mis à jour le 26.06.2023 à 10h57

Élu depuis tout juste un an à la tête de l’École de la librairie, Laurent Garin nous a ouvert les portes de son bureau : un perchoir qui domine le Pavé du canal, la librairie qu’il dirige depuis près d’une décennie à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines). Alors que le nombre de nouvelles librairies explose dans le contexte post-Covid, son école vient d'ajouter une certification à l'une de ses formations phares, « Créer ou reprendre une librairie ». Une reconnaissance qui est loin d’être une coquetterie à une époque où les libraires sont toujours plus nombreux à solliciter les aides dévolues au secteur. Explications.

Livres Hebdo : La formation « Créer ou reprendre une librairie » a été entièrement refondue en 2021. Deux ans après, quelle est la nécessité d’y ajouter une certification ?

Laurent Garin : Cette formation de reconversion s’adresse d’abord à des personnes qui, atteints trente ou quarante ans, sont à la recherche d’une seconde vie professionnelle. C’est celle que j’ai moi-même suivie il y a dix ans, bien qu’elle ait depuis beaucoup changé. Nous souhaitons désormais parfaire la professionnalisation de cette formation. Cette certification en est devenue une condition impérative. Nos partenaires institutionnels nous ont d’ailleurs fait part de leur grande satisfaction.

Les épreuves qui valideront cette certification seront donc axées sur la pratique ?

Elles ne seront pas obligatoires mais, au cours de l’année, deux sessions permettront à l’apprenant de prétendre au titre. Une session sera composée de quatre épreuves : une mise en situation de vente, un écrit traitant de la politique de ressources humaines, une étude de cas sur la gestion à partir de données chiffrées. Dernier point : les candidats devront composer un dossier qui donnera lieu à une soutenance devant un jury composé de libraires professionnels.

Avec 140 créations de librairies en 2021 et 142 en 2022, les deux années qui ont suivi le Covid se sont avérées exceptionnelles pour la profession. Peut-on parler d’une génération Covid ?

Nous avons effectivement récemment accueilli de nombreux nouveaux élève soucieux d’appuyer leur désir de reconversion sur une formation de qualité. L’engouement actuel pour la profession est pourtant aussi à l’origine du phénomène des néolibraires. Avec en moyenne un salarié et demi, ces nouvelles enseignes sont souvent des commerces hybrides, à mi-chemin de la librairie et du café par exemple. Ce ne sont pas les modèles que nous souhaitons mettre en avant à l’École de la librairie. Nous favorisons plutôt les reprises de librairies installées qui ont fait la preuve de leur endurance, ou sur la création de librairies centrées sur le livre.

Alors que le nombre de fermetures de librairies reste stable, un tiers des librairies qui mettent la clé sous la porte ont moins de dix ans. Le CNL note d’ailleurs que les fermetures se font à intervalle plus rapproché chez les libraires reconvertis. La certification que vous proposez permettra donc aux lauréats de se démarquer de projets moins solides ?

Certaines de ces enseignes ne sont pas tant des librairies que des points de vente de livres. Parmi les créations récentes de commerces désignés sous le terme de librairie, nombre de magasins tirent la majorité de leur revenu d’autres sources que de l’imprimé. Le modèle de ces tiers-lieux s’avère pourtant fragile : bien souvent, les néolibraires ne se rémunèrent pas durant leurs deux premières années d’ouverture. À l’École de la librairie, nous sommes dans une démarche opposée : il faut que les libraires soient rémunérés. Les seuls modèles économiques que nous sommes prêts à valider impliquent la capacité du gérant à vivre de son commerce. En entérinant un niveau de professionnalisation, l’École de la librairie valide d’abord un projet viable.

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