31 850 personnes ont participé au 15e salon Livr'à Vannes organisé du 10 au 12 juin par la ville, et sous la direction artistique de Sylvie Rostain. Pour la deuxième année consécutive, les espaces « café littéraire », « rencontres » et le barnum des auteurs et éditeurs étaient installés sur l’esplanade du port. Plus loin, les 230 places de l’auditorium de la chapelle des Carmes ont accueilli les conférences. Près de 250 auteurs ont participé à l’événement.
« Le parterre d’auteurs a été renouvelé à quasiment 70 %, se félicite Patrick Mahé, le président du salon. Le salon est toujours divers, il y a de la littérature jeunesse, bretonne et générale pour parler des livres "dans le vent", en breton, "an avel". Ici, toutes les indications sont bilingues. C’est un salon qui fait place à la Bretagne mais qui n’est pas « breton-bretonnant ». En tout cas, le public et les libraires sont ravis ». Les librairiees vannetaises « Cheminant », « l’Archipel des mots », « Silence de la mer », la librairie spécialisée « Le Jardin des bulles », la maison d’édition « Coop Breizh » et son grand stand central, ont élu domicile sous le barnum principal.
Samedi 11 juin à l'espace « café littéraire », le prix de la ville de Vannes a été remis à François-Guillaume Lorrain pour Scarlett (Flammarion, 2022), « un livre totalement romanesque, extrêmement nourri, c’est le genre de livre que je cherche », a salué l’écrivaine Irène Frain, marraine historique du salon. Initié en 2018 par la Ville de Vannes, le prix littéraire jeunes adultes, doté de 1000 euros, a récompensé Parler comme tu respires, d'Isabelle Pandazopoulos (Rageot, 2021). Des lycéens volontaires de trois lycées de Vannes ont intégré le jury de cette 15e édition et participé au départage des romans en lice.
Enfin, Hervé Gouedard a obtenu avec Enez-Vriad : un damsell istoral (Al Liamm, 2021) (L’Île-de-Bréhat : un coup d’œil historique) le prix du roman en langue bretonne, symboliquement remis par l’Institut culturel de Bretagne, l’association Emlev Bro Gwened et Ti Ar Vro en l'absence de l'auteur.
Nombreux débats
Des auteurs de littérature générale, de littérature jeunesse, de BD, de littérature bretonne ont pris place sous le barnum des auteurs foulé sans intermittencei. « C’est un plaisir pour tout le monde de se retrouver cette année, il y a ce besoin d’être ensemble », souligne Véronique Olmi, présidente d’honneur de la 15e édition du Livr’à Vannes et membre du comité de lecteurs pour le prix de Vannes. « Le public est acheteur et connaisseur, certains viennent avec leurs valises pour offrir à Noël », se réjouit Patrick Mahé.
Dans l’auditorium de la chapelle des Carmes, Irène Frain a participé samedi matin à la table ronde « Femmes de combat ». Avec Marie-Laure Buisson, elles ont parlé de l’invisibilisation des femmes dans l’Histoire. « Les femmes sont plus humbles et cherchent moins la rétribution héroïque que les hommes. Elles arrivent malgré tout à briser les barrières d’un monde qui n’est pas pour elles », a affirmé Irène Frain. L’écrivaine, réserviste de la marine et marraine de la Légion étrangère, Marie-Laure Buisson a évoqué l'histoire de Susan Travers. C'est l’un des visages de son dernier ouvrage Femmes combattantes : sept héroïnes de notre histoire (Presses de la Cité). Cette Britannique engagée auprès des forces française a notamment participé à la célèbre bataille de Bir Hakeim (Libye). Conductrice du général Koenig durant la Seconde Guerre mondiale, amante de ce dernier, « on a effacé sa trace, et elle n’a reçu la Légion d’Honneur qu’en 1996 seulement », a détaillé Marie-Laure Buisson.
À l’espace « rencontres », William Crépin, Ana T. Drew et le couple d'auteurs Jean et Margot Le Moal ont éclairé l’assemblée sur leur processus d’écriture. Ils ont aussi parlé du genre du « cosy crime », « du polar avec moins de violence et moins de sang, ça n’est pas Bernard Minier ! », selon les mots de Clotilde Péneau, responsable événementiel chez Perrin et Presses de la Cité.
Lors d'une table ronde sur les « Nouveaux enjeux de la persuasion », le débat a porté sur le « capitalisme numérique », la surveillance de masse et l’enjeu démocratique et de souveraineté citoyenne qu'est le contrôle des plateformes numériques et notamment des algorithmes moteurs des réseaux sociaux. « Il faut limiter l’extension du domaine du calcul », a exposé Bruno Patino, président de la chaîne Arte. Aurélie Jean, scientifique spécialiste des algorithmes, a considéré pour sa part que « c’est l’humain qui décide du problème à résoudre ». Avec la femme d’affaires Amélie Blanckaert, les trois protagonistes sont tombés d’accord sur la nécessité de « mettre la pression sur les plateformes numériques ».