Catastrophiques l'hiver dernier, les performances du commerce de livres se sont, à partir du printemps, spectaculairement redressées. Le secteur achève 2019 sur une croissance de 1,3 %. Cette embellie tranche avec l'évolution du commerce de détail dans son ensemble qui, toute l'année, est resté atone. Elle marque aussi une rupture dans la trajectoire d'une décennie 2010 noire pour le livre. Sauf en 2015, l'activité sur le marché du livre n'a cessé de reculer sous le double signe de l'effondrement des secteurs de la référence, des dictionnaires et des beaux livres concurrencés par les ressources en ligne, et du dévissage continu des achats de livres dans les hypermarchés.
Mais si le bilan de l'an dernier est bon, il est encore meilleur, c'est-à-dire prometteur dès lors qu'on prend en compte les facteurs sur lesquels il repose. L'activité a d'abord bénéficié d'un double mouvement de stabilisation et de renouvellement de la production éditoriale. Quantitativement, quoi qu'on dise sur la « surproduction », le nombre de nouveaux titres se révèle stable en 2019 pour la cinquième année consécutive. Qualitativement, l'offre a été repensée dans de nombreux secteurs. La bande dessinée s'est largement diversifiée jusque dans la non-fiction. La littérature française a étendu son champ en s'ouvrant à une forme de « chick lit » à la française. L'édition d'ésotérisme et de spiritualité s'est reconvertie dans le développement personnel. L'édition pour la jeunesse s'est remise en cause à la lumière de la vague #MeToo. Entre autres.
Dans le même temps, un mouvement de renouveau touche aussi la librairie, ainsi qu'on a pu les constater fin juin à Marseille lors des 5e Rencontres nationales de la librairie. En 2019, la librairie de 1er niveau affiche, parmi les circuits de vente du livre, le plus fort taux de croissance, deux fois plus élevé que la moyenne du marché. Et le 2e niveau n'est pas en reste.