L’origine du capitaine est multiple. Selon le spécialiste de Tintin Philippe Godin, Haddock est inspiré du capitaine Cradock, personnage éponyme d’un film musical allemand de 1931 dont Hergé serait un grand amateur. De son côté, Albert Algoud, auteur du Haddock illustré (Casterman, 1991 et réédité en 2004), invoque auprès de Livres Hebdo l’existence d’un certain Nicholas Haddock, capitaine du navire jumeau au Titanic et dont le bateau est le premier à être venu en aide aux naufragés.
Du vocabulaire et de la verve !
Deux histoires se mêlent et se complètent concernant la virtuosité lexicale d’Haddock, relate Albert Lagoud. La première est celle du peintre et journaliste Jacques Van Melbeke dont la verve aurait inspiré Hergé. La seconde ressemble davantage à une légende: un jour, se baladant sur un marché, Hergé aurait entendu une femme insulter quelqu’un de "pacte à quatre". Frappé par l’inadéquation entre le sens de l’expression (un pacte à quatre est une entente politique) et la valeur qu’il lui est accordé, l'auteur de bande dessinée aurait eu l’idée de ces insultes amusantes et non ordurières.
Ancré dans la tradition des polémistes violents tout comme dans celle de l’intelligence encyclopédique, Haddock est un véritable "homme de lexique" pour Albert Algoud. Il explique d’ailleurs que cette richesse vient de la diversité des domaines abordés par les jurons. Zoologie, tradition orale marine, folklore, histoire, science… Chaque thème est l’occasion de puiser dans un vocabulaire peu connu et insolite.
Au-delà d’être drôle, le personnage du Capitaine Haddock peut donc être perçu comme un biais de pédagogie à travers la profusion de mots nouveau diffusés. Une particularité qui "suscite le même étonnement et le même amusement qu'en 1941", raconte Albert Algoud se rappelant de l'émerveillement de l'une de ses classes de 5e pour ce vieux capitaine de 80 ans.