Qui l’aura ? Je n’en sais rien.

Jean-Christophe Buisson- Photo FIGARO MAGAZINE

Qui le mérite ? Le magnifique et vertigineux roman de Kamel Daoud le mérite je crois au premier chef. Meursault, contre-enquête (Actes Sud) est le récit du frère de l’Arabe assassiné sur la plage dans L’étranger de Camus, œuvre à laquelle Kamel Daoud offre des échos étonnants. Ce serait une belle consécration pour cet écrivain déjà distingué par le prix Mohammed-Dib en 2008 pour L’Arabe ou Le vaste pays de Ô, et cette année par le prix François-Mauriac et celui des Cinq Continents de la francophonie.

Qui l’aura ?Meursault contre-enquête, de Kamel Daoud (Actes Sud), parce que ce livre incisif est devenu un quasi-classique, qui sera lu à l’avenir, en contrepoint de L’étranger de Camus. Fond et forme, c’est un petit bijou qui brille par son sens de l’actualité. Ce livre illustre aussi la vitalité de la littérature française, hors de l’Hexagone.

France Cavalié- Photo J.-J. DESCAMPS

Qui le mérite ?Meursault contre-enquête, de Kamel Daoud (Actes Sud), car dans l’esprit des Goncourt, le prix remis en leur nom devait couronner un talent neuf, voire un premier roman, ce qui est le cas du livre de Kamel Daoud. Il a en revanche le handicap d’être sorti en mai, mais est-ce rédhibitoire ?

Qui l’aura ? Je l’ignore.

Qui le mérite ? Lydie Salvayre.

Laurent Goumarre- Photo J. KNAUB/FRANCE 5

Qui l’aura ?Charlotte (Gallimard) de David Foenkinos. Parce que les jurés du Goncourt sont devenus attentifs à ce que le livre qu’ils couronnent trône dans les listes des meilleures ventes. Parce qu’ils voudront saluer la démarche et l’effort littéraires accomplis par "un auteur populaire". Et parce qu’ils comptent bien être eux-mêmes salués pour leur démarche.

Qui le mérite ? Les livres de Benoît Duteurtre et de Kamel Daoud, qui conjuguent créativité narrative, singularité imaginative et maîtrise stylistique.

Philibert Humm- Photo DR

Qui l’aura ? Le poème en prose de David Foenkinos récompensé par les jurés du Goncourt ? Pourquoi pas. Sa forme narrative, la ferveur de l’auteur, son opiniâtreté depuis dix ans à sortir des oubliettes une grande artiste, le destin bouleversant de son héroïne, touchent le public au cœur. Foenkinos a des fans jeunes, bon point pour le prix littéraire le plus emblématique ? Je parie sur lui. Ou pour la fantaisie de Benoît Duteurtre, écrivain visionnaire…

Qui l’aura ? Je n’en sais rien.

Qui le mérite ? Emmanuel Carrère, évidemment. Ou Eric Reinhardt.

Qui l’aura ? David Foenkinos pourrait gagner la partie et, alors, il ne resterait rien des rumeurs donnant gagnant Carrère (en juin-juillet), puis Reinhardt (en août-septembre), puis Daoud (en octobre).

Qui le mérite ? Les livres d’Olivier Rolin et d’Eric Reinhardt me semblent très au-dessus des autres par ce qu’ils disent de la vie et de la littérature, de la littérature dans nos vies.

Fabrice Gaignault, Marie Claire, Lire

Qui l’aura ? Kamel Daoud.

Qui le mérite ? Kamel Daoud.

Qui l’aura ? Je pense que ce sera Gallimard, avec Charlotte de David Foenkinos. Mais Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud a aussi ses chances.

Qui le mérite ? A mon sens, il faut chercher en dehors de la liste. Karpathia de Mathias Menegoz chez P.O.L, un premier et bon roman touffu, enlevé, original, plein de bruit, d’amour et de fureur. Peine perdue d’Olivier Adam, chez Flammarion, peut-être son meilleur livre, au ton juste et lucide sur notre société. Ou Tristesse de la terre d’Eric Vuillard (déconstruction du mythe de Buffalo Bill), dont le style est toujours aussi élégant et la pensée incisive, chez Actes Sud.

Qui l’aura ? J’ai l’impression que ce pourrait être Meursault, contre-enquête car il s’agit du premier roman d’un journaliste engagé assez efficace, à la fois grand public et qui peut ravir pour ses dimensions conceptuelles : il compte le même nombre de signes que le roman de Camus, mais n’est absolument pas contre celui de Camus. Pour la première fois, ce journaliste écrit une fiction dans laquelle il poursuit son enquête pour résoudre une énigme littéraire. C’est comme un roman policier, une enquête journalistique, une "exofiction", à la fois document et biographie romanesque qui, cette fois, est autour d’un personnage de la littérature.

Qui le mérite ? Kamel Daoud. Mais j’avoue que j’ai beaucoup aimé aussi Charlotte de David Foenkinos. Pour le coup, on est en plein dans la tendance de l’exofiction, mais dans une forme très étrange pour cet exercice, celle d’une écriture en vers, bien menée. Cela aurait pu être de l’exercice de style et ça ne l’est pas. Car son personnage le ramène à son histoire personnelle.

Qui l’aura ? Aucun des livres finalistes ne décoiffe tout à fait. Je parierais (la cote est faible) sur la Charlotte de Foenkinos.

Qui le mérite ? C’est autre chose. Pour moi, c’est Kamel Daoud, dont la Contre-enquête vaut plus que son pesant de cacahuètes. Ou alors Benoît Duteurtre, et son ordinateur qui démarre vite et bien. Mais plante un peu vers la fin.

Olivia de Lamberterie, Elle, France Inter, Europe 1

Qui l’aura ? David Foenkinos, parce que j’ai l’impression que les jurés du prix ont envie de couronner un livre qui se vend bien, et en même temps je suis ravie parce que j’aime beaucoup David Foenkinos, il signe un livre d’équilibriste réussi.

Qui le mérite ? Lydie Salvayre, qui depuis un petit moment faisait des livres un peu légers, mais là elle signe un livre très bouleversant avec sa mère et cette Espagne. Et enfin, c’est une femme !

Bernard Lehut, RTL

Qui l’aura ? Allez, jouons l’outsider : Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud. Le livre, qui semble faire l’unanimité chez les Goncourt, récompenserait la francophonie et le dialogue du monde arabe et de l’Occident. Littérairement et politiquement correct. Trop ?

Qui le mérite ?Charlotte de David Foenkinos, pour l’épatante faculté de l’auteur à hausser son talent et à faire de Charlotte une superbe victoire de la littérature sur la barbarie, l’oubli et la mort. Chiche ?

Qui l’aura ? Deux favoris se dégagent : Kamel Daoud, qui apparaîtrait comme une vraie découverte ; et David Foenkinos, grâce à qui le Goncourt pourrait, comme l’an passé, s’assurer une belle position dans les meilleures ventes. Il est à craindre que cet argument-là l’emporte.

Qui le mérite ? Le roman de Pauline Dreyfus, très maîtrisé, évoque finement l’Occupation. Mais son sujet peut sembler moins original que celui choisi par Kamel Daoud, qui a l’excellente idée de revisiter le passé (post-)colonial de son pays en réécrivant L’étranger de Camus d’un point de vue algérien.

Qui l’aura ? Kamel Daoud pour Meursault, contre-enquête.

Qui le mérite ? Lydie Salvayre pour Pas pleurer, ce qui serait l’occasion de rendre un double hommage : à l’auteure qui donne son meilleur livre depuis La compagnie des spectres ; aux éditions du Seuil qui font une excellente rentrée et n’ont pas reçu ce prix depuis… 1987 avec La nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun.

Qui l’aura ? Kamel Daoud. Sujet du livre (magnifique, Camus en contrechamp), roman paru en mars dernier, déjà publié en Algérie… Tout place Daoud dans une position forte et décalée, propice à une récompense par le jury Goncourt qui serait conforme à sa vocation : révéler un écrivain.

Qui le mérite ? Pauline Dreyfus. Avec un roman subtil et très écrit sur de grandes familles échappées de Proust, elle tourne le dos à l’autofiction ou au roman furieusement contemporain, faisant confiance non au tintamarre médiatique mais à la littérature.

Christophe Ono-dit-Biot, Le Point, France Culture

Qui l’aura ? Lydie Salvayre.

Qui le mérite ? Les quatre !

Qui l’aura ? Pauline Dreyfus, pour revenir au principe même des Goncourt qui est de couronner un auteur en devenir. Et aussi parce que le livre est très abouti, très littéraire, et mêle une véritable histoire grand public à un style et une justesse de ton qui ne peuvent que réjouir le monde des lettres.

Qui le mérite ? David Foenkinos, pour s’être emparé de ce personnage historique de Charlotte, parce qu’il a su se mettre en danger en changeant de registre, parce qu’il remplit les librairies, et enfin parce qu’il est charmant avec tous les maillons de la chaîne du livre.

Qui l’aura ? Kamel Daoud, pour son magnifique roman sorti en mai dernier et redécouvert par les jurés - ce qui le rend d’autant plus valorisant. En invoquant Camus, il en appelle par ailleurs à notre patrimoine, tout en posant des questions très actuelles sur la colonisation, l’histoire et la religion.

Qui le mérite ? Eric Reinhardt pour l’impressionnante beauté de sa langue. Si la littérature est encore pensée par les Goncourt comme un art, il devrait encore pouvoir s’imposer pour la prouesse littéraire qu’est Bénédicte Ombredanne, son héroïne de papier.

Qui l’aura ? Gallimard. Avec Foenkinos, ça ferait coup double sur le thème "Devoir de mémoire" version Modiano-Nobel. Pour ma part, je joue Foenkinos. Avec afflux de papiers dans la presse sur Antoine Gallimard, "l’éditeur béni des dieux", et une belle revanche pour l’auteur abandonné en rase campagne en 2011 avec Les souvenirs. Pauline Dreyfus loupera le coche d’une encolure.

Qui le mérite ? Outre Foenkinos, Eric Reinhardt pour son livre le plus fouillé, le plus abouti, le plus bouleversant de tous ses romans. Bon évidemment, rien de ce qui est écrit ici ne se passera comme tel.

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