Il règne une bien étrange atmosphère au 19 rue de l'Odéon, à Paris (6^e). Si le Coupe-papier a fermé ses portes il y a quelques jours, personne ne peut vraiment dire ce qu'il va advenir de cette célèbre librairie spécialisée en théâtre.

« Nous sommes dans une sorte de flou artistique, explique son dirigeant François Leclère. Notre propriétaire, qui a licencié toute l'équipe pour motif économique et nous a demandé de procéder à un inventaire, ne laisse pas apparaître de stratégie claire. Actuellement, nous ne savons pas si la librairie va être vendue, reprise ou liquidée. »

Racheté en 2006 par Philippe Tesson, également P-DG des éditions L'Avant-scène Théâtre, le Coupe-papier a subi, comme le reste de la profession, les contrecoups de la crise économique. En 2010, la librairie a enregistré une baisse de son activité, le chiffre d'affaires tombant à 511 000 euros contre 659 000 euros en 2008.

Pour autant, François Leclère, qui venait de créer un site internet lié à la librairie, se reconnait « sonné » par la brutalité de la décision. « Nous sommes conscients que certains choses auraient pu être faites, mais nous n'avons même pas eu la possibilité d'en discuter. La décision est arrivée sans aucun signe précurseur et sans négociation possible. »

Avec 18 000 références environ, qui couvraient l'ensemble des arts du spectacle et un large fonds en livres anciens, Le Coupe-papier faisait figure de véritable institution dans le milieu du théâtre. François Leclère, qui avait repris la librairie en 1994, a notamment développé un partenariat avec une quinzaine de théâtres publics. Il y gérait des coins librairies actifs et dynamiques.

« On ne mesure pas encore tout ce que cela va impliquer économiquement. Au-delà de cette fermeture, c'est la question de la diffusion du livre de théâtre qui est posée », s'inquiète Pierre Banos. Le patron des éditions Théâtrales, qui souhaite alerter les pouvoirs publics sur cette thématique, s'est fendu d'un communiqué diffusé sur son site Internet pour protester contre cette fermeture. Une pétition devrait également circuler lors du Festival d'Avignon, qui a ouvert mercredi dernier, et des initiatives sont prévues à la rentrée « pour manifester notre inquiétude et engager une contre-offensive », précise l'éditeur.

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Site de la librairie