Le jury Femina a décerné, lundi 9 novembre, ses trois prix du roman français, du roman étranger et de l'essai respectivement à Gwenaëlle Aubry, Matthias Zschokke et Michelle Perrot.
Gwenaëlle Aubry obtient le Femina français pour son roman Personne (Mercure de France) au deuxième tour de scrutin par sept voix. Brigitte Giraud (Une année étrangère, Stock) et Yannick Haenel (Jan Karski, Gallimard) ont également obtenu des voix.
Née en 1971, la romancière avait précédemment publié Le diable détacheur (Actes Sud, 1999), L'isolée (Stock, 2002), L'isolement (Stock, 2003) et Notre vie s'use en transfigurations (Actes Sud, 2007). Personne (12 000 ex. sortis et réimpression 60 000 ex.) est le portrait, en vingt-six angles et au centre absent, d'un mélancolique. Lettre après lettre, ce roman-abécédaire recompose la figure d'un disparu qui, de son vivant déjà, était étranger au monde et à lui-même. De « A » comme « Antonin Artaud » à « Z » comme « Zelig » en passant par « B » comme « Bond (James Bond) » ou « S » comme « SDF », défilent les doubles qu'il abritait.
Le Femina étranger couronne l'écrivain suisse installé à Berlin Matthias Zschokke (prononcer Tchoké) pour son roman Maurice à la poule, traduit en février dernier aux éditions Zoé. « Quelque chose d'essentiel s'expérimente au fil des phrases, poétiquement traduites par Patricia Zurcher, notait alors notre collaborateur Jean-Maurice de Montrémy. L'angoisse, l'amour, la mort qu'il faut affronter, tout Maurice qu'on soit, dans cette boucle perdue du fleuve XXIe siècle. Cette pastorale berlinoise orchestrée par un Suisse d'origine paysanne prolonge la rêverie d'autres promeneuis solitaires, eux aussi nourris de versets des Ecritures : Rousseau, Gottfried Keller, Robert Walser.»
Maurice à la poule est le sixième ouvrage de Matthias Zschokke traduit chez Zoé, qui publiaient simultanément trois pièces de théâtre, La Commissaire chantante, L'Ami riche et L'Invitation. Outre le prix Schiller pour Maurice à la poule en 2006, Matthias Zschokke a obtnu le prix Robert Walser en 1981 pour son premier roman, Max, le prix de la Critique allemande en 1986 pour son film Edvige Scimitt, le prix Gerhart Hauptmann en 1992 pour sa pièce Die Alphabeten et le grand prix bernois de littérature pour l'ensemble de son oeuvre. La prestigieuse revue théâtrale allemande Theater heute l'a par ailleurs élu meilleur jeune auteur de l'année en 1989.
Michelle Perrot reçoit le Femina essai pour Histoire de chambres (Seuil), élu au deuxième tour de scrutin par sept voix contre quatre à Pierre-Marc de Biasi (Gustave Flaubert, une manière spéciale de vivre, Grasset). L'historienne a codirigé avec Georges Duby les cinq volumes de l'Histoire des femmes en Occident, chez Plon en 1991-1992 (Perrin, coll. « Tempus », 2002). Parmi ses publications : Les Femmes ou les silences de l'Histoire, Flammarion, 1998 (« Champs », 2001) et Mon histoire des femmes, Seuil/France-Culture, 2006 (« Points Histoire », 2008).