Un jeune auteur de 21 ans, Edouard Louis, et un livre au titre étrange - En finir avec Eddy Bellegueule (Seuil) - ont créé la surprise de l’année 2014. Publié en janvier avec un premier tirage de 4 500 exemplaires, le titre atteint 184 700 ventes. Un sacré score pour une première publication, qui se trouve propulsée en 11e position du palmarès des romans et à la 32e du Top 50, tous genres confondus. Les droits en ont été cédés à 16 éditeurs étrangers, notamment en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, et il vient d’être édité en Italie (à 30 000 exemplaires), au Kosovo, aux Pays-Bas et au Portugal.
Le roman est autobiographique, Edouard Louis y raconte son enfance dans une famille très pauvre de Picardie, avec un père chômeur et alcoolique qui bat ses enfants, où l’on est raciste parce qu’on répète ce que disent les autres, où l’on fréquente discrètement les Restos du cœur et où on vit dans une maison si humide que les lits superposés des enfants s’écroulent. Un milieu dans lequel Eddy, gay, se sent différent et se cache.
L’histoire est d’autant plus sombre qu’elle se déroule en France au début des années 2000. Edouard Louis, diplômé de l’Ecole des hautes études en sciences sociales, élève à Normale sup, pose sur son enfance un regard de sociologue. Depuis, il a dirigé un essai aux Puf sur Pierre Bourdieu, réalisé un documentaire sur Foucault pour Arte et dirige la collection "Des mots" aux Puf. Il travaille à sa thèse sur "les trajectoires des transfuges de classe". C.C.