Été

Le livre part en vacances

Atelier à la plage, avec Alan Mets (Lire en short 2015, Marseille). - Photo CNL

Le livre part en vacances

Des expositions littéraires, des festivals du livre au bord de la mer comme à la montagne et, partout en France, "Partir en livre", la grande fête pour la jeunesse organisée par le CNL, composeront l’été du livre 2016.

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Par Michel Puche, Claude Combet
Créé le 01.07.2016 à 01h30 ,
Mis à jour le 01.07.2016 à 15h10

Pas de trêve estivale pour les rendez-vous littéraires de l’été, bien au contraire (voir tableau). En juillet et en août se nichent dans le calendrier certaines des manifestations parmi les plus réputées du circuit, et souvent dans des endroits de rêve, des bords de la Méditerranée jusqu’au pied du mont Blanc, en passant par l’île de Ré, l’Aubrac ou les Corbières. Tour d’horizon.

Iles

Le festivalier qui aime naviguer prendra le bateau pour aller au Salon international du livre insulaire d’Ouessant (17-20 août). Pour ceux qui fréquentent l’île de Ré, il suffira de passer le pont ; au Bois-Plage-en-Ré les attend le salon L’Ile aux livres (5-7 août). "Depuis deux ans, nous recevons environ 15 000 visiteurs, ce qui fait de notre salon la manifestation la plus courue de l’île de Ré", se félicite Joschi Guitton, organisateur de ce rendez-vous. Il y a ici un public "large et familial", estival et rétais, ainsi qu’un éventail très étendu d’auteurs : people, littéraire, jeunesse, BD, etc.

Rivages

Sur la Méditerranée, le port de Sète accueille Voix vives, un grand festival de poésie (22-30 juillet) porté par Maïthé Vallès-Bled. Au bord de l’océan, Hossegor propose dès ce week-end au Sporting Casino son salon sur le thème de la biographie et de l’histoire. A La Baule, Bernard Martin et Françoise Jan, qui préparent la 20e édition d’Ecrivains en bord de mer (13-17 juillet), fréquenté par près de 4 000 spectateurs, évoquent ainsi leur public, "passionné, infatigable" : "Il n’y a pas un de nos invités qui ne soit sidéré par l’extrême attention dont font preuve les spectateurs capables de braver la chaleur étouffante qui a parfois sévi dans la chapelle Sainte-Anne qui nous abrite tout autant que les pluies d’orages qui les détrempent."

Montagnes

Les cimes attirent aussi leur public de lettrés. Passy, face au mont Blanc, sera le temps d’un salon la capitale du livre de montagne, où se retrouvent guides et écrivains des sommets (12-14 août). Et les Rencontres littéraires en pays de Savoie, itinérantes, retournent cette année encore à Chamonix (1er-2 juillet) pour débuter par une randonnée.

Hors des sentiers battus

Mais il est une tribu de festivaliers inclassables qui se donnent rendez-vous hors des sentiers battus pour des rencontres de haute tenue littéraire. Sur l’Aubrac, ils suivent au mois d’août la caravane de Francis Cransac, qui enregistre "chaque année de nouveaux participants se montrant surpris de découvrir l’importance d’une telle manifestation, inattendue en Aubrac". Un public "de lecteurs enthousiastes recouvrant toutes les tranches d’âge en provenance de toute la France", séduit aussi par l’attrait des richesses patrimoniales de l’Aveyron.

Même ferveur en Haute-Loire, à 1 000 mètres d’altitude, aux Lectures sous l’arbre organisées par Jean-François Manier. Même engouement encore autour de l’abbaye de Lagrasse, près des éditions Verdier, dans l’Aude, où "le banquet de l’été accueille un large public venant de toute la France, de Suisse et de Belgique", et dont "l’audience cumulée est estimée à 16 000 participants", indique Dominique Bondu, directeur de la Maison du banquet, qui connaît bien ces festivaliers : "Un fort noyau (40 %) de fidèles qui, après avoir découvert une première fois la manifestation, font de leur participation les années suivantes un projet de vacances, seuls, en famille ou entre amis. Ainsi, tous les hébergements sont pris à 40 kilomètres à la ronde." Vient enfin, le dernier dimanche d’août, en Touraine, la Forêt des livres de Gonzague Saint Bris. Et c’est déjà la rentrée littéraire… M. P.

Les expositions à ne pas rater

Balzac et les artistes, entre mythe et réalité
Jusqu’au 2 octobre à la Maison de Balzac, à Paris

Balzac par Arroyo, photomontage, 2014.- Photo ARROYO/MAISON DE BALZAC

De la petite table en bois sur laquelle a été écrite toute La comédie humaine jusqu’aux récents portraits de Balzac par Eduardo Arroyo ou Enrico Baj, en passant par les caricatures d’Henry Monnier. Plus de cinquante œuvres (peintures, sculptures, mobiliers, dessins…) issues des collections du musée, dont certaines jamais montrées au public. Il s’agit de confronter la vision mythique du travailleur de la nuit avec la réalité de l’œuvre d’un artiste fortement marqué par la pensée de son temps.

Beat generation
Jusqu’au 3 octobre au Centre Pompidou, à Paris

The Slouch Hat, par Jack Kerouac.- Photo JOHN SAMPAS/IL RIVELLINO GALLERY

Une rétrospective inédite consacrée au mouvement littéraire et artistique né à la fin des années 1940 de la rencontre de William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac. L’exposition est divisée en trois grandes sections : New York, Californie, Paris, avec deux incursions au Mexique et à Tanger. Elle suit ainsi l’axe tracé par l’immense rouleau tapuscrit de Sur la route, vers San Francisco, et se concentre sur les connexions entre la littérature et la scène des arts plastiques. Une place importante est réservée à la poésie orale.

Les Indiens du Canada dans la BD
Jusqu’au 28 octobre aux Muséales de Tourouvre

L’exposition est une création originale, réalisée pour le musée de l’Emigration française au Canada de Tourouvre (Orne) par la galerie Oblique, à Paris. Elle est mise en scène autour d’un véritable canot et rassemble plus d’une quarantaine de planches originales d’André Juillard, le créateur en 1995 avec Patrick Cothias de la série amérindienne Plume aux vents. Avec des reproductions de Jacques Terpant, Maryse et Jean-François Charles, Cromwell, Nicolas Debon ou Patrick Prugne. Des objets amérindiens issus du musée complètent le parcours qui entend mettre en valeur et non caricaturer ces populations.

Sergio Toppi
Du 4 juillet au 3 septembre à la Maison de la BD de Blois

Sergio Toppi (1932-2012) a fait ses débuts dans l’animation puis a travaillé dans la presse enfantine italienne. Dans les années 1970, il est partie prenante de l’évolution de la BD transalpine. Il se fera remarquer ensuite pour sa participation à L’histoire de France en BD puis à la série Un homme une aventure. Une centaine d’originaux sont présentés.

Jean Genet, l’échappée belle
Jusqu’au 18 juillet au Mucem, à Marseille

Pour marquer les 30 ans de la disparition de Jean Genet, le Mucem a choisi d’enraciner cette exposition dans un territoire que le poète aimait plus que tout autre : la Méditerranée, conçue comme "une échappée belle". Le parcours donne à voir les déambulations réelles et imaginaires de Genet, depuis ses premières fugues vers le Sud jusqu’à la fin de sa vie au Maroc.

Père Castor, raconte-nous ton histoire
Du 13 juillet 2016 au 4 janvier 2017 au musée de l’Illustration jeunesse, à Moulins

Bourru l’ours, Michka, Poule Rousse… L’histoire de la collection "Père Castor" débute dans les années 1930 au service d’un projet pédagogique et esthétique voulu par Paul Faucher et poursuivi par son fils François, qui lui succéda à la tête des éditions du Père Castor-Flammarion de 1967 à 1996. Le musée présente une sélection d’œuvres uniques provenant des archives familiales et fait la part belle aux collections autant qu’à certains titres phares. De salle en salle : enfants d’ici et d’ailleurs, les animaux, les jeux, les contes…

Michel Houellebecq. Rester vivants
Jusqu’au 11 septembre au Palais de Tokyo, à Paris

Non pas une exposition "sur" mais une exposition "de" Michel Houellebecq, avec l’aide de Jean de Loisy (commissaire). La scénographie colle parfaitement à l’univers de l’écrivain, à ses obsessions : premières photos présentées dans une presque obscurité, ambiance sonore tout au long du parcours, salles dont le sol est constitué parfois de cartes postales ou en moquette rétro, hommage à son chien disparu… Riche contribution de Robert Combas qui figure parmi les artistes invités. Houellebecq parvient à brouiller les cartes de son territoire, entre littérature, photographie et cinéma.

Apollinaire, le regard du poète
Jusqu’au 18 juillet au musée de l’Orangerie, à Paris

Poète, découvreur des arts africains, ami des artistes, Apollinaire s’est révélé un acteur central de la révolution esthétique qui donna naissance à l’art moderne. L’exposition s’attache à la période où il a été actif comme critique d’art, essentiellement entre 1902 et 1918. Le parcours thématique va du Douanier Rousseau à Matisse, Braque ou Delaunay, du cubisme à l’orphisme et au surréalisme, des sources académiques à la modernité, des arts premiers aux arts populaires. Toute une section est dédiée aux liens du poète avec Picasso.

Les Hugo, une famille d’artistes
Jusqu’au 18 septembre à la Maison Victor-Hugo, à Paris

Photo MAISON VICTOR HUGO

Quelle famille ! Hugo Victor dessinateur et décorateur, son fils François-Victor qui s’adonne à l’art du daguerréotype, son autre fils Charles qui pratique l’enluminure, son petit-fils Georges, qui dessine sur le front pendant la Première Guerre mondiale et exerce son talent dans l’aquarelle, son arrière-petit-fils Jean, peintre de la Belle Epoque, metteur en scène et décorateur… Une créativité qui marque aussi la cinquième génération, avec la peintre Marie et le photographe Jean-Baptiste, qui publient un livre, Hauteville House, maison d’exil aménagée par le poète.
 

Et aussi…

"Albert Camus : littérature et politique", du 12 juillet au 15 août, à la bibliothèque Anne-Marie-Chapouton de Lourmarin.

"William S. Burroughs", jusqu’au 23 juillet, à la galerie Semiose, à Paris (3e).

"L’art de Morris", jusqu’au 18 septembre, et "Lucky Luke en 2016 !", jusqu’au 25 septembre, au musée de la BD, à Angoulême.

 

Lire, c’est shortir un peu

 

Pour les jeunes, le CNL propose du 20 au 31 juillet la deuxième édition de son grand rendez-vous rebaptisé "Partir en livre".

 

Une illustration tout en shorts de Joann Sfar pour l’affiche de Partir en livre.- Photo © JOANN SFAR/CNL PHOTO

Ne dites plus "Lire en short" mais "Partir en livre". Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication arrivée en février, a changé le nom du grand rendez-vous estival du livre pour la jeunesse lancé l’an dernier par le Centre national du livre, en partenariat avec le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis. Les résultats du sondage commandé à Ipsos par le CNL sur la lecture des jeunes (1) "montrent l’importance de la lecture loisirs et implantent la fête au cœur de l’été", estime Vincent Monadé, président du CNL, qui rappelle que 300 000 jeunes ont participé à la manifestation l’an dernier. Aux couleurs de l’affiche de Joann Sfar, cette 2e édition se déroule du 20 au 31 juillet (au lieu du 17 au 31 l’an dernier), et s’adresse avant tout à ceux qui ne partent pas.

Pantin (Seine-Saint-Denis) en donnera le coup d’envoi avec un "parc éphémère d’attractions littéraires" du 20 au 23 juillet au bord du canal de l’Ourcq, inauguré par une lecture musicale de Vincent Malone. Parmi la vingtaine d’animations proposées, une mare aux histoires pour les moins de 4 ans, une oasis audio peuplée de chaises longues, un "Chamboulodrome" pour construire son propre récit, le "Chemin des défis", un jeu dessiné par Olivier Douzou, un "Laboratoire secret" sur le modèle des escape games et des croisières en bateau.

Comédies romantiques

Un programme dédié aux adolescents déclinera les littératures imaginaires et le manga à Paris le 20 juillet, le polar à Lyon le 21 juillet, les comédies romantiques et histoires d’amour à Paris le 22 juillet, les jeux de rôle et transmédias à Lille le 28 ou 29 juillet, un tournoi de quidditch "dans la peau d’Harry Potter" à Nice le 30 juillet, dans des lieux atypiques : parc de la Tête d’or, péniche Alliance, Bar de la fin du monde… Les auteurs de la tétralogie U4 (Syros/ Nathan) animeront jeux et ateliers d’écriture : Carole Trebor à Pantin, Vincent Villeminot à Lyon, Florence Hinckel à Marseille, Yves Grevet à Morlaix.

Le CNL a labellisé 63 événements qu’il soutient financièrement sur tout le territoire et qui sont mis en œuvre par des médiathèques, associations, librairies et collectivités territoriales, qui invitent 200 auteurs. Outre des ateliers pop-up, Cluedo littéraires et autres chasses aux livres-trésors, on trouvera une bibliothèque numérique nomade dans les Deux-Sèvres, un triporteur itinérant à Cergy-Pontoise, des siestes littéraires dans le Tarn, un kiosque philosophique à Ermenonville et des lectures sous une tente berbère à la Réunion.

"Donnez à lire !"

Le Syndicat de la librairie française organise pendant la manifestation "Donnez à lire !", invitant les clients des librairies à acquérir un livre jeunesse en plus de leurs achats, qui sera distribué en août lors de la "Journée des oubliés" du Secours populaire. Gallimard Jeunesse offrira à 6 000 enfants un petit livre sur l’écrivain Roald Dahl, dont on célèbre le centenaire en septembre. Au total, 1 500 événements sont déjà recensés sur le site Partir-en-livre.fr où les inscriptions sont possibles jusqu’au 15 juillet. Le CNL table sur plus de 1 600, le chiffre de l’an dernier.

C. C.

(1) Voir "78 % des jeunes aiment lire pour se détendre" sur Livreshebdo.fr.

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