Festival du livre de Paris 

Le long printemps italien

La table des ouvrages en italien de La Libreria (Paris 9e). - Photo OLIVIER DION

Le long printemps italien

Troisième langue la plus traduite en France derrière l'anglais et le japonais, l'italien voit sa place grandir dans les catalogues de littérature étrangère, porté par le succès de nombreux best-sellers.

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Par Charles Knappek
Créé le 23.04.2023 à 17h30 ,
Mis à jour le 24.04.2023 à 11h26

L'arbre ne cache pas toujours la forêt. Remise au goût du jour grâce au succès de la saga L'Amie prodigieuse d'Elena Ferrante, parue à partir de 2014 chez Gallimard, la littérature italienne connaît depuis près de dix ans un « long printemps » commercial. Le phénomène est d'autant plus remarquable que les ventes de littérature étrangère connaissent dans leur ensemble un recul structurel. Les auteurs transalpins, dans le sillage d'Elena Ferrante, tirent particulièrement leur épingle du jeu : troisième langue la plus traduite en France derrière l'anglais et le japonais, mais désormais devant l'allemand, qui fut longtemps sur le podium, l'italien représentait 4,3 % des traductions en 2021, avec 529 titres parus (dont 128 romans et fictions romanesques) selon le dernier rapport statistique du Syndicat national de l'édition.

La langue de Dante revient pourtant de loin. « Quand j'ai commencé à publier dans les années 1980, l'italien était une langue assez délaissée, se remémore Liana Levi, fondatrice des éditions qui portent son nom. La situation a changé à partir du moment où nous avons sorti Mal de pierres de Milena Agus, en 2007, et plus encore depuis la parution de L'Amie prodigieuse. » Vendu à près de 640 000 exemplaires toutes éditions confondues, Mal de pierres est le best-seller italien de Liana Levi ; il a même relancé le titre dans son pays d'origine, tout comme la publication en 2005 de L'Art de la joie par Viviane Hamy offrit une gloire posthume à Goliarda Sapienza, décédée en 1996 et dont l'œuvre était restée méconnue dans la Botte.

Dans le catalogue d'Albin Michel, les auteurs italiens – qui sont le plus souvent des autrices – occupent une solide deuxième position en nombre de titres, derrière les anglo-saxons. Ils se trouvent à l'origine de plusieurs succès récents : les trois tomes de La Saga des Florio de Stefania Auci, inaugurée en 2021, ont dépassé les 100 000 exemplaires, tandis que Le Train des enfants de Viola Ardone (2021) atteint les 35 000 ventes. « Ce sont des histoires très italiennes, souligne Anne Michel, directrice du département littérature étrangère chez Albin Michel. Il y a aujourd'hui une véritable appétence du lectorat français pour des récits ancrés dans l'histoire et la réalité italienne. »

Autre cas de figure chez Verdier : ce sont les littératures italienne et espagnole qui permirent à la maison d'édition fondée en 1979 de se faire un nom dans le panorama éditorial, avant l'arrivée de grands écrivains français comme Pierre Michon. L'éditeur a créé la collection « Terra d'altri » dès 1987 et s'appuie aujourd'hui sur de grands auteurs comme Antonio Moresco, Walter Siti et Vitaliano Trevisan. Plus récemment, il a publié des écrivains comme Giorgio Falco et Giorgio Vasta.

Portée par l'immense succès de L'Amie prodigieuse, mais riche également de son vivier de jeunes auteurs et autrices et de sa créativité qui font les beaux jours des catalogues d'éditeurs comme Gallimard ou Stock, la littérature italienne est devenue « une littérature à potentiel populaire », résume Anne Michel. Albin Michel consacre désormais près d'un quart de sa production de littérature étrangère aux écrivains transalpins, contre 10 à 15 % il y a quelques années. Chez Liana Levi, l'italien représente « entre un quart et un bon tiers de la production annuelle », avec une accélération en 2023 pour accompagner la mise à l'honneur du pays au Festival du livre de Paris. L'éditrice annonce pas moins de sept romans italiens d'ici la fin de l'année.

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