12 mars > Philosophie- esthétique France

L’esthétique, "science du beau", fut introduite en philosophie par Baumgarten, l’inventeur du terme à partir du grec aisthesis, aisthanesthai ("sensation", "sentir"), et par Kant, bien sûr, qui définit le plaisir esthétique comme plaisir désintéressé. Les premières réticences vaincues, l’esthétique comptera parmi les diverses disciplines de la matière philosophique. Elle est aujourd’hui indissociable de la théorie de l’art, à tel point que "esthétique" et "artistique" sont souvent considérés comme des synonymes. A tort, rappelle Jean-Marie Schaeffer qui étend l’expérience esthétique au-delà du champ artistique et la redéfinit grâce aux apports de la psychologie cognitive. L’artistique relève du "faire" et l’esthétique du "percevoir". Dans l’expérience esthétique qui combine des notions d’attention, d’émotion et de plaisir, il s’agit d’adapter notre représentation du monde à ce qu’on perçoit de lui à travers nos sens et nos stimuli - il y a quelque chose de l’ordre de l’épiphanie. Dans le processus artistique, le "faire", le but est au contraire d’adapter le monde à la manière dont on entend le figurer.

Contre l’idée d’une expérience esthétique réservée aux happy few, heureux élus seuls connectés aux sphères de la culture, l’auteur des Célibataires de l’art : pour une esthétique sans mythes (Gallimard, 1996) va jusqu’à analyser des domaines non artistiques comme les jeux vidéo. Il souligne combien l’expérience esthétique "fait partie des modalités de base de l’expérience commune du monde". Banale et singulière, elle est avant tout constituée d’"une attention ouverte, au sens où elle accueille tout ce qui se présente à elle, sans exclusive et sans se hâter vers une conclusion". S. J. R.

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