Le numérique au compte-gouttes

"Ce n’est pas le genre d’ouvrage qu’on lit de manière linéaire et il y a encore des réticences à emporter une tablette à la plage." Nathalie Bloch-Pujo, Hachette tourisme - Photo Olivier Dion

Le numérique au compte-gouttes

Alors que les rares tentatives pour développer le numérique n’ont pas porté leurs fruits en 2014, les éditeurs adoptent une position attentiste.

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Par Charles Knappek
avec Créé le 06.03.2015 à 01h03 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Le lancement, en mars 2014, par Le Petit Futé des "Ebook Futé", vendus en librairie sous la forme d’un livret contenant un code de téléchargement, a été l’innovation numérique de l’année dernière. Elle a pourtant fait long feu. "Malgré un bon accueil des libraires, qui ont joué le jeu en mettant en valeur les cartes, cela n’a pas du tout fonctionné, reconnaît Jean-Paul Labourdette, directeur du Petit Futé. Le concept n’a pas été compris par le public." Du coup, la maison a décidé d’arrêter la commercialisation de ses "Ebook Futé". "Mais cela ne signifie pas que nous devons abandonner le numérique, bien au contraire", précise Jean-Paul Labourdette.

"Les ebooks "Geoguide" sont une première tentative, pour voir."Line Karoubi, Gallimard Loisirs- Photo OLIVIER DION

L’échec d’"Ebook Futé" illustre la difficulté des éditeurs à trouver la bonne formule digitale, au point de les conduire à un certain attentisme. Chez Lonely Planet, les ventes de guides numériques progressent, certes, de 50 %, mais elles génèrent encore un chiffre d’affaires modeste. "En général, les voyageurs qui achètent une version numérique le font parce qu’ils sont déjà sur place et qu’ils sont partis sans guide papier, constate Frédérique Sarfati-Romano, directrice de Lonely Planet. Ou alors ils ont difficilement accès à une librairie car globalement l’appétence pour le guide papier reste très forte." Après la collection "Un grand week-end", Hachette Tourisme a étendu son offre d’ebooks à "Guide évasion", mais la directrice Nathalie Bloch-Pujo continue de penser que le format numérique se prête peu aux guides de voyage. "Ce n’est pas le genre d’ouvrage qu’on lit de manière linéaire et il y a encore des réticences à emporter une tablette à la plage", estime-t-elle.

Pas dans les mœurs

Au Petit Futé, qui est sans doute l’acteur le plus proactif en matière de numérique, Jean-Paul Labourdette confirme le faible engouement des lecteurs pour l’ebook, même si les ventes de guides dématérialisés ont progressé de 28 % en 2014. "C’est plutôt bien, mais ce n’est pas encore très rentable", observe-t-il. Plus étonnant, pour Jean-Paul Labourdette, le taux d’activation de la version numérique gratuite incluse dans l’ensemble des guides Petit Futé papier "ne dépasse pas 5 %". Pour l’éditeur, "cela montre que, hormis pour la littérature générale, l’usage du ebook n’est vraiment pas entré dans les mœurs."

Gallimard Loisirs, qui a investi en décembre le marché des ebooks avec une vingtaine de "Geoguide", n’en attend d’ailleurs pas monts et merveilles. "C’est une première tentative, pour voir", indique Line Karoubi, la directrice générale. De son côté, Michelin propose également quelques ebooks, mais c’est surtout Michelin Voyage, application gratuite disponible sur Android, Windows Phone et iPhone, qui trouve son public. Prisma ne propose toujours pas de version ePub de ses guides "Geobook". En revanche, le groupe de presse a investi sur une appli Geobook inspirée de 110 pays, 6 000 idées et intitulée "Bien choisir son voyage". Vendue 6,99 euros sur l’App Store, elle constitue "le gros investissement numérique de l’année", selon Françoise Kerlo. Les guides d’inspiration "Geobook" sont, eux, déjà disponibles en version numérique.

06.03 2015

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