Le numérique toujours en phase de maturation

Le numérique toujours en phase de maturation

Même s’ils croissent, les revenus des applications et des livres numériques restent marginaux. Les éditeurs ne parviennent à animer ce marché émergent en France qu’avec une politique de communication constante.

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Par Véronique Heurtematte
avec Créé le 11.10.2013 à 19h29 ,
Mis à jour le 08.05.2015 à 15h07

Les touristes français ne sont toujours pas prêts pour le numérique. Selon une enquête menée par Hachette Tourisme, ceux-ci préparent leur voyage sur Internet, mais ils achètent généralement un guide papier pour partir. Ils sont encore très peu nombreux à recourir aux applications pour smartphones, comme le confirment les expériences de l’éditeur dans ce domaine. Les applications issues des collections « Le Guide du routard » et « Un grand week-end à… » enregistrent toujours des ventes marginales. « En France, la lecture du numérique n’a pas encore véritablement décollé », constate Nathalie Pujo, directrice générale d’Hachette Tourisme. Thomas Jonglez, directeur des éditions du même nom, renonce d’ailleurs à poursuivre dans cette voie après l’échec de sa tentative sur Londres l’an dernier, à l’occasion des jeux Olympiques. « Nous avions fait deux versions, une en français et une en anglais. Les ventes ont été nulles ! » déplore-t-il.

En Voyage éditions/Lonely Planet n’envisage pas non plus de développer les applications. « Les expériences sur le marché anglo-saxon ne sont pas concluantes », explique Frédérique Sarfati, directrice de la marque. Chez Gallimard Loisirs, en revanche, qui a ouvert, en 2012, dix nouvelles destinations parmi ses applications SmartCITY week-end, le constat est plus positif. « Quand on se donne les moyens d’exister dans les boutiques en ligne, les ventes sont au rendez-vous, assure Line Karoubi, directrice générale de Gallimard Loisirs. Mais cela nécessite d’animer en permanence, avec une stratégie de communication propre à cet univers. » Pour mettre toutes les chances de son côté, l’éditeur a baissé le prix de ses applications, désormais à 2,99 euros. Gallimard prévoit aussi de faire appel à un community manager.

Préparation au voyage

Les sites Internet des éditeurs proposant des informations, des outils de préparation au voyage ainsi que des forums d’échanges entre internautes, qui sont souvent les pages les plus prisées, rencontrent, en revanche, un succès réel (1). Avec plus de 2 millions de visiteurs uniques et 28 millions de pages vues par mois, le succès du site Internet du Guide du routard, qui s’offre une nouvelle maquette en mars, ne se dément pas. Idem pour le site Web du Petit Futé ou celui d’En Voyage éditions/Lonely Planet, lancé en décembre dernier.

Les résultats concernant les livres numériques sont plus contrastés. Lonely Planet propose systématiquement ses titres en version ebook, mais les ventes restent peu importantes. La Fédération française de la randonnée pédestre propose aussi ses titres en version imprimée et numérique, mais elle consacre sa réflexion à une offre complète qui associerait cartographie embarquée sur GPS et différents services au-delà de la simple description d’itinéraires. Toujours très volontariste en la matière, Le Petit Futé escomptait doubler ses ventes de livres numériques en 2012. Elles n’auront augmenté que de 45 %, mais ce segment représente déjà 3,5 % du chiffre d’affaires de la maison, qui vise les 10 % d’ici deux ans. « Les ventes de livres au format ePub, très interactifs, sont en train de décoller, observe Jean-Paul Labourdette, directeur du Petit Futé. C’est là que se trouve l’avenir. »

(1) Voir aussi notre article sur Wikivoyage, « Faut-il suivre l’eGuide ? », dans LH n° 941 du 15 février 2013.

11.10 2013

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