L’ancienne Biennale des Antiquaires, rebaptisée FAB Paris, retrouve cette année son site historique du Grand Palais, entièrement restauré, avec sa verrière extraordinaire. Seul bémol : l’édifice étant difficilement chauffable, les exposants grelottent un peu. « Il faisait 7°C dans les allées le soir du dîner d’inauguration, la neige tombant sur Paris », dit l’un d’eux. Mais l’optimisme est vite revenu, et le plaisir de présenter aux amateurs, nombreux, des pièces d’exception.
Du côté des librairies de bibliophilie, par ordre alphabétique, on a notamment remarqué, chez Stéphane Clavreuil, une série complète des Prisons de Piranèse, 16 planches en parfait état, pour la bagatelle de 225 000 euros. Chez Benoît Forgeot, associé au marchand d’autographes lyonnais Julien Paganetti, un ensemble exceptionnel de Georges Perec, avec le manuscrit et les épreuves corrigées de La disparition, sa correspondance avec son amie Suzanne Lipinska, créatrice du moulin d’Andé, et divers documents ; ou bien, plus accessible, un exemplaire d’Evguénie Sokolov, « conte parabolique » de Serge Gainsbourg (Gallimard, 1980), dédicacé, à 1 500 euros.
Surréalisme oblige
Chez Olivier Pingel, centenaire du surréalisme oblige, on peut admirer un exemplaire relié de À toute épreuve, de Paul Éluard (Gérald Cramer, Genève, 1958) illustré de 80 bois par Joan Miro, avec un dessin autographe (85 000 euros). Surréalisme toujours, Jean-Baptiste de Proyart propose un exemplaire de Facile (1935), poèmes-culte de Paul Éluard sur des photos de Man Ray, signé par les deux artistes, et dédicacé à Gaston Gallimard en « amical hommage » (25 000 euros), ou encore un exemplaire d’exception de Clair de terre d’André Breton (1923), avec, en frontispice, un portrait de l’auteur, gravé à la pointe-sèche et signé, par Picasso (95 000 euros).
Camille Sourget, elle, présente fièrement l’édition de 1595, complète, dans une reliure du début du XVIIe siècle en parfait état, des Essais de Montaigne, publiée chez Michel Sonnius, rue Saint-Jacques. L’exemplaire comporte des corrections, émouvantes, de la main même de Mademoiselle de Gournay, l’amie, éditrice et préfacière de l’ouvrage. Par exemple, page 114, elle a corrigé « l’arracher » en « l’archer ». Comme quoi, les coquilles sont aussi vieilles que le livre !
Du côté des autographes, on trouve, chez Raux, un manuscrit d’Antoine de Saint-Exupéry, pour un brevet sur le vol sans visibilité, déposé en 1937. L’aviateur-écrivain y affirme : « Le vol sans visibilité est un problème pratiquement résolu ».
Du côté des éditeurs, Citadelles & Mazenod est toujours fidèlement présent. La maison montre notamment l’une de ses dernières nouveautés, une anthologie de La poésie chinoise par Christine Kantler, imprimée comme là-bas. Le tirage de luxe, à 499 exemplaires numérotés, est en vente à 350 euros. Le tirage standard, lui, coûte 199 euros.
Enfin, pour les bourses plus modestes, la Librairie du Musée du Louvre offre un large choix de catalogues d’expositions, ou bien le catalogue raisonné de l’œuvre de Miro en 6 volumes, ou encore des livres d’art en co-édition avec Somogy soldés à tout petit prix, à partir de 15 euros.
Fine Arts La Biennale (FAB Paris) se déroule du 22 au 27 novembre au Grand Palais. Le prochain Festival Livre Paris (FLP), devant y revenir, lui aussi, en avril 2025, espérons que d’ici-là la RMN aura trouvé un moyen de chauffer l’illustre monument.