"Je vous préviens, si vous voulez avoir une place à la conférence de 10h, il faut arriver à 9h30", lance Catherine l'une des nombreuses bénévoles qui quadrille le centre de Saint-Malo, ces 4,5 et 6 juin. De son petit chalet dédié à l'accueil des spectateurs d'Étonnants Voyageurs, elle voit depuis deux jours s'allonger des files d'attente devant le Palais du grand large. "Malgré le départ de Michel Le Bris et ces deux années compliquées de Covid, le public est au rendez-vous", ajoute-t-elle. Une impression que l'on peut aisément confirmer dans les différentes salles investies par le festival breton : la plupart sont combles et dans certaines, on peut même observer des personnes assises par terre. "Cela me fait chaud au cœur, cela veut dire que le festival a encore toute sa place pour les années à venir", souligne Mélani Le Bris, fille du fondateur et co-directrice du festival.
En tout, 350 événements ont été organisés dans 12 lieux différents. Parmi eux, des rencontres autour du roman, du théâtre, de la science-fiction, mais aussi deux expositions dédiées à la bande dessinée, un espace "enfants" avec des ateliers créatifs et un ciné-concert inspiré de la ville imaginaire de Melvile. "Ces quelques jours ont été très riches. Il y a eu des rencontres, des tables rondes... Tout ceci a eu une vraie épaisseur avec un niveau moyen de fréquentation similaire aux bonnes éditions d'Etonnants Voyageurs. En d'autres termes, nous avons positivement passé l'épreuve", se réjouit le président d'Étonnants Voyageurs, Jean-Michel Le Boulanger particulièrement touché par la soirée musicale en hommage à Michel Le Bris et à Xavier Grall intitulée "Fils de roi, fils de rien".
Lauréats des prix remis à Etonnants voyageurs
L'Ukraine à l'honneur
Cette 32ème édition a également été marquée par l'actualité internationale avec des réflexions autour de l'Europe portées entre autres par l'invité d'honneur, l'auteur ukrainien Andreï Kourkov.
Côté salon du livre, l'ambiance est plus contrastée. "Pour nous, le samedi a été une journée très médiocre niveau ventes", lâche Caroline Triaureau, éditrice de la maison jeunesse La Marmite à mots. Quelques pas plus loin, la librairie critic de l'imaginaire, à Rennes, fait le même constat : "A mi-parcours du festival, on est très loin de l'objectif qu'on s'était fixé", regrette Etienne Vincent, responsable de la librairie appuyé, chiffres à l'appui, par l'auteur de science-fiction Jean-Claude Dunyach. Alors qu'il a signé une cinquantaine d'ouvrages aux Imaginales il y a deux semaines, moins de dix personnes se sont arrêtées à son stand à Saint-Malo. Prix du billet d'entrée, manque de liaison entre les rencontres et l'espace vente... les avis divergent sur les origines du problème. Selon Mélani Le Bris on peut aussi comprendre ces chiffres à travers la temporalité du festival : "Les premiers jours, le public se précipite souvent dans les salles et ne se dirige qu'à la fin vers la bulle du livre", explique-t-elle. Pour Géraldine Delauney, directrice de la librairie Dialogues à Morlaix, les résultats sont tout de même bons. Sur ses tables, qui représentent pour quelques jours le Seuil, Métailié ou encore l'Olivier, on retrouve Andreï Kourkov. "Avoir un tel invité d'honneur en dédicace, ça aide aussi !", admet-elle.
L'ensemble des conférences d'Etonnants Voyageurs seront disponibles dans le courant de la semaine sur le site du festival.