Ici c’est une rencontre avec Thomas B. Reverdy animée par des lecteurs. Là un projet avec des détenus des Baumettes. Ailleurs encore un concert mêlant les voix de Patrick Chamoiseau et de rappeurs marseillais. Né avec le désir d’ouvrir la littérature à un public le plus large possible, le festival Oh les beaux jours ! a signé sa sixième édition du 24 au 29 mai. Un succès pour ses deux directrices, Nadia Champesme et Fabienne Pavia, qui revendiquent 10 300 participants. Et un témoignage de l’ambition de la ville de renouer avec la lecture publique.
Moins d’une bibliothèque par arrondissement
L’idée du festival est apparue après une étude sur la situation de la lecture à Marseille. Au-delà du manque de bibliothèques et de librairies – « Il y a 12 ans Rennes avait plus de librairies que Marseille ! », rappelle Olivier Pennaneach, chargé de mission à l’agence régionale du livre PACA – l’enquête a souligné l’absence de festival littéraire. En 2017, la première édition de Oh les beaux jours ! conçue et produite par l’association Des livres comme des idées, est donc lancée. « Très rapidement, nous nous sommes rendus compte que nos événements portaient leurs fruits et attiraient des personnes externes au noyau de la culture marseillaise », se félicite Fabienne Pavia. Également éditrice de la maison Le bec en l’air, elle considère qu’« ici, le rapport au livre est complexe, certaines manifestations peinent à trouver leur public ».
Deuxième ville la plus peuplée de France avec 860 000 habitants, la cité phocéenne ne possède que 9 bibliothèques, dont une, la médiathèque Salim-Hatubou, créée en octobre 2020. « Malgré ce merveilleux projet dans le quartier de Saint-Antoine, Marseille reste sous dotée en bibliothèques », insiste Aurélie Giordano, chargée du service bibliothèque à l’agence régionale du livre PACA. Côté librairies, la ville voit en revanche de plus en plus de projets fleurir. L’agence régionale du livre a déjà été sollicitée pour la création de 17 projets d’établissements, une immense librairie spécialisée en mangas devrait ouvrir le mois prochain et un projet de librairie internationale naître d’ici la fin de l’année. « Malgré nos efforts, certains quartiers restent de véritables déserts culturels. L’idée est de varier la nature des projets pour multiplier les entrées et montrer à un maximum de personne l’outil de liberté que peut être la lecture », commente Jean-Marc Coppola, adjoint culture et patrimoine de Marseille.
Une littérature joyeuse et accessible
Avec des rendez-vous hybrides et des événements interactifs comme La belle nuit du livre, Oh les beaux jours ! fait un pas de côté sur les programmations que l’on retrouve traditionnellement dans les festivals littéraires. Une performance-marathon ouverte à tous à par exemple été organisée. Sur le modèle d’une tentative réalisée par Michel Créïs et Georges Perec il y a 40 ans, une centaine de personnes étaient invitées à décrire oralement et en direct pendant 10 minutes ce qu’ils observaient. L’aventure a réuni pas moins de 930 spectateurs et intervenants. « Notre but avec cette programmation est de déplacer les écrivains sur un autre registre pour casser ce rapport difficile que certains peuvent avoir avec la lecture, lance Fabienne Pavia, de montrer tout simplement que la littérature peut être joyeuse et accessible ! ».
De même, l’association réalise un travail annuel avec de jeunes lecteurs et le grand public. Ces ateliers d’éducation artistique et culturelle comme les lectures en crèche, la fabrication de livres pop-up, les lectures à haute voix en prison ou encore les ateliers d’écriture à l’hôpital permettent de toucher annuellement 3500 personnes par an.