Ce dernier a entamé le 2 novembre, via son service antitrust, une procédure civile devant un tribunal fédéral pour empêcher la transaction. Une démarche justifiée par des motifs de protection de la concurrence : aux États-Unis, Penguin Random House détient environ 20 % de parts de marché tandis que la part de marché de Simon & Schuster est estimée à 6 %. Le rapprochement des deux entités fait craindre outre-Atlantique une distorsion de concurrence ainsi qu’une perturbation des prix des livres et de la rémunération des auteurs.
« Si le plus gros éditeur du monde est autorisé à racheter l'un de ses principaux rivaux, il aura un contrôle sans précédent sur cette industrie cruciale, a notamment fait valoir le procureur général des États-Unis, Merrick Garland. Les auteurs et les consommateurs américains paieront le prix de cette fusion anticoncurrentielle. »
Leader mondial potentiel
L’entrée de Simon & Schuster (propriété du groupe de communication ViacomCBS) dans Bertelsmann ferait en effet du groupe allemand le nouveau leader mondial de l’édition, devant les groupes d’édition professionnels Relx Group (Reed Elsevier) et Thomson Reuters. Bertelsmann avait annoncé en novembre 2020 le rachat de Simon & Schuster, l’acquisition devant être finalisée dans le courant de 2021. Les deux parties devront finalement attendre.
Selon le 15e « Global 50 », classement annuel de l’édition mondiale initié par Livres Hebdo et réalisé par Rüdiger Wischenbart Content and Consulting, Bertelsmann a réalisé 4,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans l’édition en 2020, essentiellement grâce à Penguin Random House (3,371 milliards d’euros). De son côté, Simon & Schuster publie environ 2 000 titres par an à travers 35 éditeurs (Atria, Avid, Free Press, One Signal…) et affiche 733 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Dans un communiqué commun, Bertelsmann et Simon & Schuster ont défendu leur volonté de rapprochement : « Il s’agit d’une transaction en faveur des consommateurs, des auteurs et des librairies, qui permettra d’augmenter les investissements dans les programmes d’édition de Simon & Schuster et de Penguin Random House », ont-ils expliqué. Les deux entités ajoutent que « bloquer la transaction nuirait aux auteurs mêmes que le département de la Justice prétend protéger. » Elles concluent : « Nous lutterons vigoureusement contre cette action en justice et attendons avec impatience que Penguin Random House pilote cette maison d’édition légendaire dans les années à venir. »