L’histoire maritime française doit beaucoup à Patrick Villiers. Ce professeur à l’université du Littoral-Côte d’Opale a montré la variété que recouvrait ce champ d’étude, principalement dans une meilleure compréhension du monde des corsaires et des flibustiers.
Cette fois, il délaisse les travaux choraux pour s’intéresser à l’un des plus illustres d’entre eux : Jean Bart, corsaire du Roi Soleil considéré comme le roi des corsaires.
L’existence de Jean Bart (1650-1702) est intimement liée à Dunkerque à tel point que Michel Delebarre, le maire de la ville, lui consacra une biographie pour le tricentenaire de sa mort (Michel Lafon, 2002). Il y est né marin, il y est mort en héros. Son destin peu commun a pris les dimensions d’une aventure que l’on voit toujours saisie par le mouvement de sa statue dans sa cité natale, le bras droit levé, prêt à l’abordage.
Patrick Villiers a recherché toutes les traces de cette existence, paradoxalement pas très nombreuses, car cette légende française de la mer a laissé peu de documents de sa main. En revanche, sur ses exploits, les commentaires ne manquent pas. « Suivre Jean Bart, c’est affronter la navigation et les tempêtes de la Manche et de la mer du Nord sur des coquilles de noix, puis sur des vaisseaux. »
L’historien s’emploie donc à suivre cette vie de mille sabords. Il nous aide aussi à mieux comprendre cet univers des corsaires qui se met en place au XVIIe siècle avec la création d’une marine de guerre française sous l’impulsion de Colbert, avec les fortifications de Vauban pour protéger les ports. Après avoir servi la Hollande, le Flamand Jean Bart se met au service de Louis XIV. Au nom du roi, mais armé par des particuliers, le corsaire voit la taille de ses navires augmenter avec les succès, jusqu’à la victoire au large de Texel, le 29 juin 1694, qui met fin à la guerre de Hollande.
Sur ces flots de la gloire où s’affrontent la France, l’Angleterre et la Hollande, Patrick Villiers nous montre un ambitieux et un audacieux, véritable terreur des marchands et des pêcheurs à la tête de l’escadre du Nord. Grâce à lui, Dunkerque devient le premier port corsaire de France. Porté par un courage sans faille, le marin est aussi âpre aux gains. Il sert le roi en se servant au passage. « Dunkerquois d’abord, Flamand toujours », nous dit cette biographie qui sent bon l’aventure, les voyages et la fraternité des mers. L. L.