25 septembre > Histoire Grande-Bretagne

Simon Sebag Montefiore a un petit côté Dumas : une documentation imposante et le sens du romanesque. Là où un historien estampillé par l’Université française hésiterait, lui fonce. Bref, nous sommes ici dans l’histoire narrative, ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas de l’histoire.

Grigori Potemkine (1739-1791) a eu le malheur de donner son nom à un chef-d’œuvre du cinéma. Si bien qu’on a oublié qui se cachait derrière, sauf Staline, qui en privé admirait ce redoutable chef d’Etat coureur de jupons, et pas n’importe lesquels puisque c’était ceux de la Grande Catherine.

Simon Sebag Montefiore a reçu plusieurs prix en Europe et aux Etats-Unis pour son Jeune Staline (Le Livre de poche, 2010). L’histoire de la Russie et de l’URSS, dont il est spécialiste, s’affirme chez lui comme un fertile terrain d’investigation. Avec Potemkine, il est servi. Car c’est lui qui se révèle dans cette histoire d’amour impériale, bien plus que la Grande Catherine. Pendant vingt ans, il entretiendra avec elle une correspondance qui constitue le monument qu’il légua à la postérité. Au portrait peu flatteur d’un Rastignac qui n’aurait eu de l’énergie que dans la chambre à coucher, Montefiore oppose celui d’un sacré cosaque, homme de tous les excès, y compris celui du génie militaire. Ce colosse, qui avait perdu un œil en jouant au billard, mourut tragiquement, à la russe, à 52 ans.

Il y a du moine fou chez ce Grigori le terrible, qui accompagna la destinée d’une souveraine aussi singulière que lui. L’ami fidèle comme l’amant extravagant ont toujours été auprès d’elle. L’historien réévalue même son poids politique en montrant qu’il faisait plus que participer aux décisions de la souveraine.

Grigori Potemkine, surnommé le Sérénissime, devint riche, puissant et l’époux morganatique de Catherine II. Montefiore nous invite à le suivre, parmi les intrigues de la Cour, à Saint-Pétersbourg, pour nous raconter qui fut ce fascinant Sardanapale des steppes. L. L.

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