Série d'été 2024

[Les nouveaux mooks 3/5] Flaash : anticipation pour tous

Estelle Augat et Samuel Dralet, cofondateurs du mook Flaash

[Les nouveaux mooks 3/5] Flaash : anticipation pour tous

Toujours plus nombreux en kiosques et librairies, les mooks ont besoin d’affirmer leur différence pour s’installer dans la durée. Les derniers venus l’ont bien compris, qui cultivent tous une ligne éditoriale particulière et tranchée. Livres Hebdo en a sélectionné cinq récemment lancés. Troisième de notre série, Flaash s’empare des codes de l’anticipation pour proposer une lecture prospective des enjeux de société.

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Par Charles Knappek
Créé le 23.07.2024 à 10h40

Comme le précise son sous-titre « revue culturelle et technique d’anticipation », Flaash est bien plus qu’un nouveau mook de science-fiction. Si les thématiques en lien avec l’imaginaire irriguent par essence ses pages, le média indépendant cofondé en 2023 par Estelle Augat (directrice de la rédaction) et Samuel Dralet (directeur de la publication) vise très au-delà des seuls aficionados de space opéra et autre cyberpunk.

« Flaash est spécifique dans les sujets qu’elle aborde mais grand public dans la démarche qu’elle propose. Elle est à la fois destinée aux fans de SF et aux simples curieux des enjeux de demain, explique Estelle Augat à Livres Hebdo. Pour toucher ces deux publics, nous relions nos contenus à des références culturelles et littéraires en tout genre, pour parler de demain au passé, au présent et au futur. On y trouve donc de la SF, mais pas que. Cela nous permet d’amener des lecteurs qui ne se tourneraient pas spontanément vers la SF à s’intéresser à cette littérature. Et dans le même temps d’ouvrir les lecteurs de SF pure et dure à des thématiques plus larges. »

Pluralité d'approches et de formats

Dans les pages de Flaash s’égrènent interviews, décryptages, portfolios, nouvelles ou encore bandes dessinées. Une pluralité d’approches et de formats en phase avec le positionnement à la croisée des chemins de la revue, ce dont témoignent les thèmes abordés dans les trois premiers numéros : « surveillance de masse », « villes du futur », « cycle de vie », avant le quatrième opus à paraître à la rentrée et consacré à l’intelligence artificielle, dont la couverture sera signée Guillaume Singelin.

Flaash intérieur 1
Interview d'Alain Damasio dans le numéro 3 de Flaash

Un éclectisme qu’illustre aussi le choix des personnalités mises à l’honneur dans chaque numéro : après Alain Damasio et le compositeur et musicien Rone dans le n°3, la prochaine livraison de Flaash invitera la journaliste, romancière et chroniqueuse Lilia Hassaine, autrice du roman dystopique Panorama (Gallimard), et Luc Julia, l’un des cocréateurs de Siri, l’IA et assistant vocal développée par Apple. « Proposer à la fois un profil littéraire et un profil technique est à l’image de notre positionnement de revue culturelle et technique d’anticipation », résume Estelle Augat.

Nouvelles formes narratives

À la rentrée, Flaash continuera aussi d’explorer de nouvelles formes narratives avec un dossier consacré à l’intelligence artificielle pensé comme le journal intime d’une IA, décliné en deux versions : l’une humaine, écrite par un contributeur humain, l’autre artificielle, générée par l’IA. « Le lecteur sera amené à d'abord lire les versions sans savoir qui a écrit quoi, annonce Estelle Augat. L'idée n'est pas de les mettre en compétition, mais bien d'amener le lecteur à réfléchir et à identifier des différences ». Avec, toujours en ligne de fond, la question de l’emprise du numérique sur la vie quotidienne.

Lancé sur fonds propres, sans investisseurs, Flaash dresse un bon bilan de ses premiers mois d’existence, signalant une progression régulière de ses ventes. Chaque numéro bénéficie d’un tirage de 8 à 10 000 exemplaires, après un lancement à 15 000, les deux premiers numéros ayant bénéficié de campagnes de financement participatif.

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Anticipation et sujets de société sont au coeur de la ligne éditoriale de Flaash

À moyen et long terme, la pérennité du mook repose sur l’équilibre entre tous ses réseaux de distribution (boutique en ligne, presse, librairie), chacun présentant des avantages qui lui sont propres. « La boutique en ligne représente un investissement de départ mais elle se traduit par le meilleur rendement possible puisque l’achat se fait à la source (et que la recherche d’abonnés est bien entendu un objectif clé), détaille Estelle Augat. La librairie, où nous sommes distribués par Pollen, est quant à elle un excellent réseau pour faire vivre et valoriser le mook, avec un taux de transformation intéressant. La presse nous permet quant à elle une plus large visibilité et accessibilité. »

Financements annexes

Pour monter en puissance, Flaash prévoit d’ici « la fin de l’année » de proposer une version numérique. L’opération est avant tout pensée pour « augmenter la visibilité », sans que soit remise en question la place du papier.

En parallèle, le mook, qui diffuse une newsletter bimensuelle comptant 5 000 abonnés, développe des partenariats avec divers festivals (Turfu à Caen, Utopiales de Nantes…) pour se faire connaître auprès des publics intéressés par les thématiques SF. Estelle Augat et Samuel Dralet mettent aussi l’accent sur des financements annexes (animations de rencontres…) et n’excluent de pas de nouer des partenariats avec des maisons d’édition afin de publier des hors-séries.

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