15 mai > roman Finlande

La parution dans « La cosmopolite » de Stock en 2010 de Purge a déclenché un véritable raz de marée. Les lecteurs français ont alors découvert le nom de Sofi Oksanen. Une jeune auteure née en Finlande en 1977 d’un père finlandais et d’une mère estonienne. La débutante au look difficile à ne pas remarquer avait déjà derrière elle deux romans, Baby Jane (encore inédit à ce jour) et Les vaches de Staline (Stock, 2011, repris au Livre de poche).

La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

Remarquablement construit et maîtrisé, Purge (repris au Livre de poche) permettait de mieux comprendre la situation complexe d’un pays pendant la guerre grâce à un jeu subtil mettant en scène deux époques et deux personnages féminins mémorables. La presse et le public français ne s’y sont pas trompés. Le roman s’est vite installé dans la liste des best-sellers, obtenant tour à tour le prix Roman Fnac, le prix Femina étranger ainsi que le prix du Livre européen et le prix des Libraires du Livre de poche en 2012.

Sofi Oksanen revient aujourd’hui avec un roman ambitieux, Quand les colombes disparurent. Soit, selon elle, le « troisième volet d’une tétralogie traitant du passé proche de l’Estonie et de la division de l’Europe ». Un livre « sur les choix des gens, leur fidélité ou infidélité, leur adaptation ou inadaptation à un pays dont le destin est de tomber aux mains des occupants ». Là encore, l’écrivaine a choisi de mélanger les époques et les histoires.

Nous voici d’abord en Estonie du Nord en 1941, lorsque l’armée russe occupe le pays et que les Finlandais et les Allemands sont unis contre l’Union soviétique. Roland a sur les mains du sang de l’ennemi. Son unité aide les « frères de la forêt » et il livre combat à la carabine, au pistolet ou même avec une pierre ramassée par terre. Roland se languit de sa « bien-aimée aux yeux graves » et au « rire cristallin », Rosalie, dont on apprendra ensuite la disparition, mise en terre sans croix derrière l’enceinte de l’église…

Judith, elle, se trouve à Tallinn, une ville saignée à blanc, sous le feu des avions de la Luftwaffe. Elle est sans nouvelles de son mari mobilisé dans l’Armée rouge, un clerc de notaire qui ne ressent aucune attirance pour elle. Quant à Edgar, le cousin de Roland, il a pris l’identité d’Eggert Fürst, un homme né à Petrograd de parents estoniens, et travaille en secret pour les Allemands.

La deuxième partie du roman nous entraîne en 1963. Le camarade Parks a été chargé d’écrire une œuvre montrant que « l’Union soviétique est extrêmement désireuse d’élucider les crimes hitlériens, avec autrement plus d’ardeur que les pays de l’Ouest ». Jadis, Parks fut condamné pour activité contre-révolutionnaire. Un emploi de garde à l’usine Norma lui sert de couverture, tandis que son épouse est surveillante à la gare, ayant son propre siège sur les quais de trains de grande ligne…

Avec la plus grande habileté, Sofi Oksanen tisse peu à peu sa toile et retourne progressivement ses cartes. A la fois très réussi grâce à son suspense et son portrait d’une époque, Quand les colombes disparurent devrait lui assurer un nouveau succès. Alexandre Fillon

11.10 2013

Auteurs cités

Les dernières
actualités