TRIBUNE

Lecture, cause nationale

Lecture, cause nationale

Par Vladimir Lentzy, directeur général de Médiadiffusion, et Raymond Redding, directeur des éditions Nouveaux débats publics et ancien directeur général à La Poste, chargé du courrier.

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avec Créé le 10.10.2014 à 15h40

" Il serait devenu une évidence de prédire la mort du livre, de la presse écrite, du courrier et plus généralement du support papier et l'avènement du règne absolu de la digitalisation.

Soyons clair : le numérique est une formidable chance, et le futur sera dans la complémentarité de l'un avec l'autre, à la condition de gagner les batailles de la transformation et de l'image.

Peut-être en s'inspirant des évolutions qui ont déjà été engagées dans des secteurs économiques apparemment éloignés mais au fond semblables, comme la photo, le courrier, voire même la banque (Internet devait tuer le courrier papier, or il existe toujours, mais avec des services nouveaux).

Le livre du futur aura toutes ses chances d'être à la fois présent physiquement et dématérialisé, si nous savons nous appuyer sur ses points forts.

Un réseau dense de libraires est un atout, car dans un monde qui se dématérialise, la valeur de la proximité, de la qualité de l'accueil et du contact ne fera que croître.

Bien sûr, la transformation de la logistique d'approvisionnement est nécessaire pour répondre aux impératifs du plus vite disponible, à l'instar de la vente à distance, pour pouvoir livrer rapidement tous les fonds des éditeurs, aussi bien en librairie que directement au consommateur : la majorité des distributeurs est prête à y travailler, voire en test, mais ce service doit être collectif (disponibilité des ouvrages, transmission des commandes, etc.).

Mais surtout, nous devons gagner la bataille de la communication : il ne faut pas laisser se répandre l'idée que le journal, le magazine, le courrier ou le livre sont des supports de communication ringards et dépassés, voire polluants comparés à un digital perçu comme propre et durable. Des études nombreuses montrent à l'inverse que les jeunes générations ne sont pas aussi naïves que cela face au tout numérique, encore faut-il rétablir l'image déjà écornée du support papier et de l'écrit. Comme, dans ce domaine, les enjeux sont aux mains de groupes mondiaux, la condition est de réunir tous les acteurs des chaînes de l'écrit et du support papier : des fournisseurs de pâte à papier aux éditeurs, distributeurs, libraires, auteurs, mais aussi la presse et La Poste, pour promouvoir l'intérêt de la complémentarité des supports de l'écrit.

C'est dans ce contexte que des échanges fructueux seront sources de progrès, que la puissance économique (30 ou 35 milliards d'euros et plus de 300 000 emplois en France !) et culturelle de ce regroupement sera reconnue.

Le mode de lecture est central dans l'éducation, dans notre mode de pensée et donc dans la construction des sociétés futures.

Redevenons ambitieux : et si la Lecture devenait "Cause nationale" ? "

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